32 gériatres exercent en ville exclusivement

Un exercice libéral encore très marginal

Publié le 31/03/2016
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gériatrieVille

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Crédit photo : PHANIE

Avec le vieillissement de la population, la gériatrie libérale a-t-elle un avenir en France ? Peut-on imaginer qu’un jour une consultation chez un gériatre de ville sera aussi banale et naturelle pour une personne âgée que pour un enfant chez un pédiatre ? Le Dr Nicole Jacquin-Mourain, présidente de l’Association nationale des gériatres et gérontologues libéraux (ANGGEL), le souhaite : « J’espère qu’on va aller dans ce sens et véritablement donner à la gériatrie libérale les moyens de se développer. N’oublions pas qu’il y a 14 millions de seniors en France. »

Aujourd’hui, pourtant, force est de constater que la gériatrie libérale reste une activité extrêmement marginale. Selon l’Atlas 2015 de l’Ordre des médecins, sur 1 580 gériatres, on recense 32 praticiens déclarant un exercice libéral et 37 un exercice mixte.

« Le problème est qu’il n’existe pas de cotation permettant cet exercice en ville. Aujourd’hui, une consultation chez un gériatre libéral est rémunérée à hauteur de 25 euros. C’est impossible de faire vivre un cabinet avec cette cotation en sachant qu’une consultation dure en moyenne une heure. Le seul moyen d’y arriver est d’exercer en secteur II ou d’avoir un exercice mixte, en cumulant une activité de ville avec un poste salarié », fait valoir le Dr Jacquin-Mourain.

Installée à Paris en secteur II, cette dernière a travaillé pendant 22 ans à l’hôpital puis en EHPAD avant de s’installer en ville. « Et je dois reconnaître que cet exercice libéral est vraiment la partie de ma carrière que je préfère. La gériatrie est une très belle discipline et c’est passionnant de pouvoir prendre en charge une personne âgée dans sa globalité et dans son environnement de vie », souligne-t-elle. Le recrutement des patients est divers. « Cela fonctionne d’abord par le bouche-à-oreille. Certains généralistes nous envoient aussi des patients dont ils n’ont pas le temps de s’occuper. Car notre avantage, c’est de faire une médecine longue et complète. Un gériatre ne s’intéresse pas à un organe mais à une personne dans sa globalité. Et il faudrait qu’on donne aux gériatres libéraux les moyens d’exercer cette forme de médecine », plaide le Dr Jacquin-Mourain.

A. D.

Source : Le Quotidien du médecin: 9484