Pour améliorer la couverture vaccinale

Une échelle mesure l’engagement des généralistes

Publié le 11/02/2016
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VACCIN

VACCIN
Crédit photo : PHANIE

Les médecins généralistes (MG) sont les acteurs principaux de la vaccination – un enfant sur deux est en effet vacciné par le médecin de famille. Leur rôle est donc primordial pour informer et suciter l'adhésion à la vaccination.

Depuis plusieurs années, la confiance du grand public dans la vaccination a tendance à baisser, mais fait remarquer le Pr Luc Martinez, vice-président de la Société française de médecine générale (SFMG), « les patients sont plus souvent hésitants que radicalement opposés à la vaccination. Le médecin généraliste, lui, garde un crédit positif, ses patients tendent à lui faire confiance s’il conseille la vaccination ».

L’hésitation vaccinale existe également au sein de la profession. Quels sont alors les facteurs qui influencent le médecin dans la décision de vacciner ou non un patient ? « Jusqu’à présent, aucun outil ne permettait d’évaluer l’engagement des médecins, rappelle le Pr Martinez. Nous avons lancé cette vaste étude DIVA (Déterminants des Intentions de Vaccination) – pour comprendre les représentations des médecins généralistes, indépendamment d’une maladie spécifique, d’une population ou d’un contexte particulier. C’est une première en France ».

Freins de tous ordres

Les chercheurs ont identifié de nombreux freins au niveau de l’organisation du système de soin. La multiplication des rappels vaccinaux est un obstacle. Les ruptures dans la chaine d’approvisionnement (2) sont également des freins majeurs. La difficulté d’obtenir une traçabilité des vaccins antérieurs est pointée du doigt (3). « Il faudrait une information centralisée, du type dossier médical partagé », explique-t-il. Autre type d’écueil, le mode de délivrance de l’information par les institutions, jugé inadapté. « Les médecins parlent d’une information délivrée sur un mode injonctif, qui n’est pas propice à entrainer leur adhésion », décrit le Pr Martinez.

D’autres déterminants peuvent être liés à la nature de la maladie prévenue par le vaccin. Lorsque la maladie est rare, le médecin s’engage moins vite. « Il y a une perte de conscience de la gravité potentielle parce qu’il n’y a pas de confrontation au cas ». Enfin, l’engagement dépend également de l’expérience personnelle du médecin et des caractéristiques de sa patientèle.

Corriger le tir

Sans s’attarder sur ses composantes, le questionnaire permet par exemple d’estimer globalement l’impact d’une intervention de formation continue, ou le degré d’engagement des médecins lors de la mise à disposition d’un nouveau vaccin. Mais en analysant les réponses du questionnaire, il offre la possibilité d’améliorer la couverture vaccinale. « On peut essayer de corriger le tir en travaillant sur les représentations, en améliorant la distribution de l’information etc. », suggère le Pr Martinez.

Les premiers résultats de l’étude vont être publiés dans la revue « Santé Publique » très prochainement. À cette occasion, la SFMG lancera une campagne d’information qui devrait coïncider avec la concertation citoyenne sur la vaccination prévue par le gouvernement.

Héloïse Grimaud
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Source : Le Quotidien du médecin: 9470