Dr Philippe Vermesch (SML) : « Je suis prêt à réintégrer la convention »

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Publié le 14/09/2017
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

LE QUOTIDIEN : Le SML envisage aujourd'hui d'adhérer à la convention qu'il n'avait pas signée à l'été 2016. Pourquoi ce revirement ?

Dr PHILIPPE VERMESCH : Nous allons en effet réévaluer notre position sur la convention médicale. L’an passé, nous n’avons pas signé notamment parce que les spécialistes et les médecins à expertise particulière étaient oubliés dans ce texte qui divisait la profession. Mais j’avais dit que nous reverrions notre position au changement de gouvernement. Dont acte.

En restant hors de la convention, nous ne pouvons pas défendre nos mandants en commission paritaire, ni participer aux discussions sur le financement de la télémédecine ou sur l'organisation territoriale des soins. C'est pourquoi nous avons inscrit ce sujet à l’ordre du jour de notre assemblée générale, ce jeudi 14 septembre. Il y aura un vote. Personnellement, je suis prêt à réintégrer la convention. Nous avons un programme construit, travaillé, original, qui nous donne un fil directeur. Si j'adhère à la convention, ce sera pour faire passer mes idées et celles du SML !

Vous proposez d'instaurer des consultations longues de prévention, mieux rémunérées. Quel est votre schéma ?

Stomatologue, je me suis inspiré des consultations de prévention bucco-dentaires, mises en place chez les enfants, les adolescents, les femmes enceintes et les personnes de plus de 60 ans. Le SML réclame des consultations longues et complexes de prévention obligatoires, de 45 minutes chacune, cotées a minima 40 euros, au moins une fois tous les dix ans. Si on détecte un patient à risque, il rentre dans un cadre de prévention et d’éducation thérapeutique, comme cela existe déjà pour les diabétiques. Le généraliste lance le processus et revoit le patient tous les six mois ou tous les ans.

Vous voulez aussi discuter en priorité d'un nouveau forfait structure. Que permettrait-il de financer ?

Ce qui "plombe" les médecins libéraux aujourd'hui, c’est la surcharge de travail, le manque de personnel administratif et le défaut de coordination. La solution pourrait être d’augmenter l'acte mais l’assurance-maladie nous répond que rien ne prouve que les médecins vont embaucher derrière ! C’est donc un forfait structure digne de ce nom, d'au moins 10 000 euros par an, qui devrait servir à payer le personnel et le secrétariat pour libérer vraiment du temps médical. On peut aussi très bien envisager qu’un médecin, payé par plusieurs autres, soit indemnisé par le biais du forfait structure pour gérer la coordination de proximité. Aujourd’hui les médecins touchent environ 6 000 euros de rémunération sur objectifs, dont les indicateurs ne sont pas tous pertinents…

Après un quinquennat houleux avec le ministère, le climat semble plus apaisé. Quel message politique allez-vous passer lors de votre congrès ?

Avec Marisol Touraine, nous ne pouvions plus discuter ! Avec Agnès Buzyn, il y a une écoute cordiale. J'attends cependant de voir le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2018. Or, j’ai peur que l’on soit à nouveau dans une logique comptable…

Dans ce contexte, nous voulons affirmer que le SML est le seul syndicat qui défend vraiment l'exercice libéral et l'entreprise médicale libérale. Cela passe aussi par la défense de la liberté d’installation. Si vous privez les jeunes de cette liberté, ils se tourneront vers le salariat. C’est aussi pour cette raison que nous sommes allés à Bercy défendre des propositions d'incitations et de défiscalisation au bénéfice des libéraux : exonération durable de charges et de taxes pour toute création d'emploi administratif, dispositif du « médecin volant » plus attractif dans les zones fragiles, crédit d'impôt dans les zones sous-denses, soutien au cumul emploi-retraite… Mais il faut une volonté politique.

Vous voulez engager une réflexion sur la réforme du financement des syndicats…

Oui. Contrairement aux organisations de salariés et d'employeurs qui disposent de collectes ou de subventions obligatoires pour s'organiser, nous ne vivons que grâce aux cotisations des adhérents. Je suis partisan d'une réforme du financement des syndicats médicaux représentatifs grâce à une cotisation obligatoire. De même, tous les syndicats, signataires ou pas de la convention, devraient toucher l'argent conventionnel.

 

Propos recueillis par Marie Foult

Source : Le Quotidien du médecin: 9601