Cannabis thérapeutique, mode d’emploi : posez vos questions à Christelle Ratignier-Carbonneil (ANSM)

Bonjour à toutes et à tous. Merci au « Quotidien du Médecin » d'organiser ce chat sur un sujet d'importance : le cannabis à usage médical et son expérimentation. J'ai la chance d'être accompagnée par Nathalie Richard qui est la directrice de projet de l'expérimentation sur le cannabis à usage médical. Nous sommes là pour répondre à toutes vos questions.

Il y a beaucoup de composants dans le cannabis médical. C'est l'ensemble de la plante qui est utilisé pour l'expérimentation. Les 2 principaux composés actifs sont le cannabidiol (CBD) et le THC. Ils ont de multiples actions au niveau du système endocannabinoïde.

En tout premier lieu, pour l'expérimentation sur le cannabis à usage médical, nous sommes sur un médicament. Cela implique par conséquent une qualité pharmaceutique et une qualité contrôlée du médicament cannabis. Nous sommes dans un usage par un professionnel de santé qui va définir, en fonction de la situation de son patient et des indications, les ratios adéquats entre CBD et THC.

Dans les indications du cannabis médical, la spasticité de la sclérose en plaques et des autres pathologies du système nerveux central est une des indications du cannabis médical retenues pour l'expérimentation. Les MPR volontaires, et dans des centres de référence volontaire, peuvent prescrire du cannabis médical après s'être formés.
Les médecins qui peuvent prescrire du cannabis médical doivent obligatoirement avoir suivi et validé une formation mise en place par l'ANSM qui résulte de travaux collaboratifs avec des professionnels de santé, y compris internationaux, prescrivant dans des pays où le cannabis médical est déjà autorisé.
L'initiation de la prescription doit être faite par un médecin appartenant à une structure de référence qui doit être volontaire. La liste des structures et disponibles sur le site de l'ANSM, avec une distribution géographique et en fonction des indications retenues dans l'expérimentation. Les médecins généralistes peuvent prendre le relai de la prescription et du suivi des patients s'il sont volontaires et après désignation par le patient. Ils doivent avoir également suivi et validé la formation.

Nous avons 5 indications retenues dans l'expérimentation du cannabis à usage médical : - douleurs neuropathiques réfractaires - épilepsie sévère pharmacorésistante - situations palliatives - certains symptômes en oncologie, liés aux cancers et aux traitements du cancer - la spasticité de la sclérose en plaques ou des autres pathologies du système nerveux central.

Actuellement, seuls les professionnels de santé impliqués dans ces indications, soit au travers des structures de référence, soit les médecins généralistes désignés par les patients ont accès à la formation validante mise à disposition par l'ANSM. Les pharmaciens hospitaliers ou d'officine désignés par les patients peuvent avoir aussi accès à cette formation.
Ces conditions d'accès resteront valables le temps de l'expérimentation.

Oui. La consommation de cannabis, quelle que soit la raison ou l'origine, n'est pas une contre-indication à l'inclusion dans l'expérimentation. Les médecins devront cependant en tenir compte et adapter en fonction de chaque situation.

Sous forme d'huile, par voie orale, à différents ratios CBD/THC. Sous forme de sommités fleuries qui seront vaporisées grâce à un dispositif médical spécifique mis à disposition des patients gratuitement, et très prochainement.

Dans le cadre de l'expérimentation, le cannabis médical est gratuit pour les patients.

Il n'y a pas de contre-indications spécifiques au CBD dans le cadre de l'expérimentation. En revanche, le cannabis médical est contre-indiqué chez la femme enceinte et allaitante, en cas d'antécédents personnels de troubles psychotiques et en cas d'insuffisance rénale, hépatique ou cardiaque grave.
Certaines associations doivent faire l'objet de précautions d'emploi, car il peut y avoir une augmentation du risque d'effets indésirables, avec augmentation possible de la toxicité, ou une diminution de l'efficacité du cannabis médical. La liste complète des interractions médicamenteuses est disponible sur le site de l'ANSM.

L'expérimentation est éligible aux enfants, à l'appréciation des professionnels de santé impliqués dans la prise en charge des patients relevant des cinq indications.

L'indication retenue dans l'expérimentation concerne les douleurs neuropathiques réfractaires. La maladie de Parkinson n'est pas une indication retenue en tant que telle dans l'expérimentation.

L'évaluation du risque de dépendance doit être réalisée par le médecin au moment de l'inclusion. Il n'y a pas d'échelle médicale spécifique recommandée dans le cadre de l'expérimentation.

C'est une bonne question. L'objectif de l'expérimentation est de permettre d'appréhender le circuit d'utilisation et d'obtenir des premières données d'utilisation en vie réelle du cannabis à usage médical, à la fois au travers des structures de référence mais aussi déjà en ville avec les médecins généralistes et les pharmaciens d'officine. Fort de toutes ces données qui vont concerner 3 000 patients en file active, nous disposerons d'une vision plus précise pour étendre l'utilisation du cannabis à usage médical en dehors de l'expérimentation. Rendez-vous dans deux ans, le 26 mars 2023...

Troubles psychiatriques, troubles neurologiques (étourdissement, vertige...), troubles gastro-intestinaux (diarrhées...), abus, dépendance, syndrome du sevrage... La liste complète est disponible sur le site de l'ANSM. Il faut rappeler que l'expérimentation du cannabis à usage médical s'adresse à des patients dans le cadre des cinq indications retenues après échec des traitements disponibles.

La conduite automobile et de tout véhicule est interdite au cours de l'expérimentation car le cannabis a une influence sur l'aptitude à conduire et à utiliser des machines ; car il peut provoquer une somnolence et des étourdissements, altérer la coordination, le jugement et le temps de réponse.

L'une des indications retenues est la douleur neuropathique réfractaire. Le médecin définira si le patient est éligible dans le cadre de l'expérimentation.

Après un mois, nous sommes à un peu moins de 200 patients qui bénéficient déjà d'une prise en charge par le cannabis à usage médical.

A ce stade, les indications de ce type de troubles n'ont pas été retenues dans le cadre de l'expérimentation.

Le cannabis est un médicament stupéfiant qui ne pourra donc jamais être en accès libre.

Merci à toutes et à tous pour vos questions. Rendez-vous très vite sur le dispositif de formation pour les professionnels de santé impliqués dans l'une des cinq indications de l'expérimentation.
Pour toute autre question, n'hésitez pas à consulter le site de l'ANSM.