À peine plus de deux semaines après son entrée en fonction, la ministre de la Santé par intérim Agnès Firmin Le Bodo doit essuyer une nouvelle polémique qui enflamme le réseau social X (ex-twitter). En cause : sa visite le 4 janvier à l’Institut Jérôme Lejeune, centre de recherche sur les déficiences intellectuelles d'origine génétique rattaché à la controversée Fondation Jérôme Lejeune, qui milite contre l'avortement, l’ouverture de l’assistance médicale à la procréation à toutes, et l'euthanasie.
La ministre par intérim a en effet publié sur son compte X quatre photos de ce déplacement dans ce « lieu de passion et d’énergie », selon ses mots.
Les critiques ont immédiatement fusé, notamment depuis les rangs de l’opposition. « Il a un drôle de goût le progressisme macronien », a ironisé le sénateur communiste des Hauts-de-Seine Pierre Ozoulias, en dénonçant cet « éloge » de la ministre « à la Fondation Lejeune, haut lieu du conservatisme, opposée à l'IVG et à grand nombre de recherches médicales ». « La fondation Jérôme Lejeune a persisté à revendiquer la découverte majeure dans la recherche de la trisomie 21 en lieu et place de Marthe Gauthier », a rappelé la sénatrice socialiste Marie-Pierre de La Gontrie. Une allusion à l’attitude du Pr Lejeune qui s’est attribué la paternité des recherches sur le chromosome surnuméraire, alors que l’article publié en 1959, est co-signé par Jérôme Lejeune, Marthe Gautier et Raymond Turpin, et que seule la seconde avait l’expertise nécessaire en matière de culture cellulaire, selon le Comité d’éthique de l’Inserm.
« Madame la Ministre, vous honorez un institut lié à une fondation dont l’activisme anti IVG, anti pilule du lendemain, anti recherche sur l’embryon est constant. Ils nous harcèlent (procès sur procès qu’ils perdent toujours). Alors ne jouez pas l’offensée. Excusez-vous ou assumez », a aussi commenté la sénatrice socialiste Laurence Rossignol.
La démocratie, « échanger avec des personnes qui ne partagent pas vos idées »
Agnès Firmin Le Bodo s’est défendue en deux tweets, en rappelant notamment le cadre de sa visite : « la labellisation [de l’Institut] en centre de compétences déficiences intellectuelles rares ». Elle a aussi donné sa définition de la démocratie : « échanger avec les personnes qui ne partagent pas vos idées ». Pour rappel, c’est le cabinet d’Agnès Firmin Le Bodo qui s’est chargé de la rédaction du projet de loi sur la fin de la vie censé encadrer l’aide à mourir, et attendu – après de nombreux reports – en février.
Les sarcasmes persistent néanmoins, alors que les rumeurs de remaniement vont bon train, et que la ministre est déjà sous le coup d’une enquête pour avoir reçu 20 000 euros de cadeaux des laboratoires Urgo, dans le cadre de ses fonctions antérieures de pharmacienne.
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