« Dans notre pays, les indicateurs de la santé sexuelle sont globalement satisfaisants que ce soit sur le plan de l’autonomie (80 % des femmes de 15 à 49 ans utilisent un moyen de contraception), de la sécurité (plus de 80 % des 15/25 ans utilisent des préservatifs lors des premiers rapports sexuels) ou de la satisfaction (88 % des femmes et des hommes jugent très bonne ou satisfaisante leur santé sexuelle) », concède Jean-Christophe Comboroure, de la Direction générale de la Santé.
Cependant, un tiers des grossesses ne sont pas prévues (GNP), les 15/24 ans sont particulièrement touchés par les infections sexuellement transmissibles (IST), on dénombre près de 6 400 nouveaux cas de VIH, et la couverture vaccinale, contre le VHB par exemple, est insuffisante chez les personnes exposées. « Et surtout, une femme sur 7 et un homme sur 25 déclarent avoir subi au moins une forme de violence sexuelle au cours de leur vie. Les inégalités entre les hommes et les femmes et l’homophobie persistent », déplore-t-il.
Une approche par populations
Les difficultés liées à la sexualité varient en fonction de l’âge, du sexe et des populations, aussi la politique nationale de santé sexuelle a-t-elle effectué un virage, d’une approche par maladie à un abord selon les différents âges de la vie et les divers groupes de population. « La stratégie nationale de santé sexuelle, volontairement ambitieuse et engagée à long terme, de 2017 à 2030, a pour grands axes l’amélioration du parcours de santé en matière d’IST, l’amélioration de la santé reproductive, la réponse aux besoins spécifiques des populations les plus vulnérables, la promotion de la recherche, des connaissances et de l’innovation en santé sexuelle et la prise en compte des spécificités sexuelles », précise M. Comboroure.
L’approche de la santé sexuelle doit être positive, en particulier auprès des jeunes, afin de réduire l’exposition aux IST et aux GNP, tout en favorisant l’équité d’accès à une santé sexuelle, avec des actions adaptées aux populations les plus vulnérables ou les plus exposées. Cela suppose de renforcer les synergies entre les structures, de les intégrer au sein d’un réseau, de former et mobiliser toutes les personnes susceptibles d’intervenir dans ce domaine. Cela ne concerne donc pas seulement le domaine de la santé, et doit s’intégrer dans toutes les politiques publiques.
Un élargissement hors du champ de la santé
La feuille de route pour les trois premières années 2018-2020 propose des actions concrètes avec prioritairement une meilleure formation en santé sexuelle. Elle n’est pas l’apanage des médecins et des sages-femmes et doit se développer dans le cadre scolaire, la fonction publique hospitalière, le service sanitaire, les animateurs, animatrices et éducateurs et éducatrices sportifs. Cela impose d’en définir parfaitement les contenus, afin de lutter contre les représentations que suscitent chez les parents et le grand public l’éducation à la sexualité.
Le Service sanitaire des étudiants en santé (Sses), qui entre en jeu cette année, a pour objectif de les familiariser avec les enjeux de prévention primordiaux qui incluent la nutrition, l’activité physique, les addictions et l’éducation à la sexualité.
Il faut aussi simplifier la coopération entre les professionnels dans les centres gratuits d'Information de dépistage et de diagnostic (CeGIDD) et les centres de planification et d'éducation familiale (CPEF), permettre aux services universitaires de médecine préventive de pratiquer des consultations de prévention de contraception ainsi que le dépistage des IST, renforcer la confidentialité des IVG en supprimant toute référence à cet acte dans les relevés de l’Assurance-maladie, garantir une offre d’IVG, et enfin expérimenter, dans les villes à forte prévalence d'IST, des centres de santé sexuelle d’approche communautaire sur le modèle anglo-saxon, ainsi qu’un bilan de santé global intégrant la santé sexuelle pour les migrants.
Enfin, les maladies chroniques, le handicap et la vieillesse doivent être pris en compte et intégrés dans des programmes d’éducation thérapeutique. Les projets innovants comme la « boussole des jeunes » portant initialement sur l’emploi ou le logement ou l’expérimentation du « pass préservatif » pour les moins de 25 ans devront être encouragés.
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