On sait que les patients atteints de cancer présentent un risque accru de formes graves d’infections à SARS-CoV-2, du fait de leur maladie ou des traitements qu’ils reçoivent. Si la vaccination a été recommandée sur ce terrain, il persistait de nombreuses questions concernant l’impact des thérapeutiques (chimiothérapie, immunothérapie) sur la réponse immunitaire au vaccin, ainsi que sur sa sécurité d’emploi, d’autant que les patients atteints de cancer ont été écartés des essais cliniques menés sur la vaccination contre le Covid-19.
VOICE est un essai prospectif multicentrique de non-infériorité (1) dont les 743 patients ont été séparés en quatre cohortes : la première (A) incluait 240 sujets sans cancer, les trois autres (B, C et D) les patients atteints de tumeurs solides respectivement traités par immunothérapie (n = 131), chimiothérapie (n = 229) ou chimio-immunothérapie (n = 143).
Tous les participants ont reçu les deux injections d’un vaccin à ARNm (Moderna) à 28 jours d’intervalle.
Quelle réponse immunitaire ?
Le critère d'évaluation principal était la réponse immunitaire, évaluée par le taux d’anticorps (Ac) sériques anti-IgG spécifiques à la protéine spike, 28 jours après la deuxième injection. Ont été étudiés aussi la capacité du virus à neutraliser ces Ac, la production d’interféron-gamma spécifique par les cellules T et les évènements indésirables liés au vaccin. Une réponse en Ac spécifiques du SARS-CoV-2 - définie par un taux de minimum de 10 u/ml d’Ac- a été observée chez respectivement 100 %, 99,3 %, 97,4 % et 100 % des participants des cohortes A, B, C et D.
Afin de distinguer réponse adaptée et réponse sous-optimale, un cut-off de 300 BAU/ml (unités d'Ac de liaison, basée sur leur capacité de neutralisation). La réponse en Ac a été considérée comme adéquate après la première injection dans 66 %, 37,1 %, 32,5 % et 33,3 % des personnes des cohortes A, B, C et D, des chiffres qui sont montés à 99,6 %, 93,1 %, 83,8 % et 88,8 % 28 jours après le rappel. Chez les non-répondeurs ou ceux n’ayant pas une réponse optimale, on a cependant constaté une réponse lymphocytaire T dans près de la moitié des cas. Aucun effet indésirable supplémentaire par rapport à la population générale n’a par ailleurs été constaté chez les personnes atteintes de cancer. « La vaccination par l’ARNm-1273 est bien tolérée chez les patients atteints de cancer. Quel que soit le traitement de leur maladie, la proportion de réponse en Ac spécifiques au SARS-CoV-2 après le schéma vaccinal complet est non inférieure par rapport aux participants sans cancer, souligne la Dr Sjoukje Oosting (Pays-Bas) lors de la présentation de l’essai. Cependant, une minorité significative n’a pas de réponse adéquate, et un rappel pourrait être nécessaire chez elles ». Des études sont d’ailleurs en cours sur l’éventuel intérêt d’une troisième dose.
(1) Oosting S et al. ESMO 2021, Abstract LBA8
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