Bilan positif de « Mois sans tabac »

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Publié le 23/11/2021
Avec 5 ans de recul depuis la première édition, « Mois sans tabac » a démontré ses bénéfices sur le nombre de tentatives d’arrêts, qui s’est accru au fil du temps, exception faite de 2020, année particulière à bien des points de vue. Avec l’ensemble des autres mesures de lutte contre le tabagisme, cette opération est l’une des contributrices à la baisse du taux de tabagisme en France.
1,8 million de tentatives d’arrêt directement attribuables

1,8 million de tentatives d’arrêt directement attribuables
Crédit photo : phanie

C’est en 2016 que fut lancée la première campagne de « Mois sans tabac », à l’initiative de Santé publique France (SPF), sur le modèle de « Stoptober », action d’aide à l’arrêt du tabac mise en place en 2012 au Royaume-Uni. Des adaptations ont bien sûr été nécessaires afin de tenir compte des différences entre les deux pays, notamment quant au taux de tabagisme (le double en France) et à la structuration de l’offre de soins.

Mais l’objectif principal était, et reste d’ailleurs, le même : inciter les fumeurs à arrêter de fumer pendant 30 jours, au mois de novembre en France. Pour ce faire, la campagne s’appuie sur une communication multimédia, des services d’aide à distance à l’arrêt du tabac et sur le déploiement d’actions de proximité, assurées par un réseau d’ambassadeurs régionaux travaillant en lien avec les Agences régionales de santé.

Deux paramètres d’évaluation

L’impact des campagnes menées depuis 2016 est évalué grâce à deux indicateurs : le nombre d’inscriptions en ligne et le nombre de tentatives d’arrêt en lien avec l’opération.

Le nombre d’inscrits en ligne a connu une nette augmentation entre 2017 et 2018, passant de 160 000 à 240 000. Il était de 200 000 en 2019, avant de connaître une baisse en 2020, vraisemblablement liée à l’épidémie de Covid-19 et au deuxième confinement.

Sur l’ensemble des fumeurs, le taux de tentatives d’arrêt a augmenté de manière continue entre 2016 (15,9 %) et 2019 (24,4 %) et celui de tentatives d’arrêt directement attribuables à « Mois sans tabac » est passé de 2,9 % en 2016 et 2017 à 4,8 % en 2018, avant de se stabiliser en 2019 (4,3 %).

Sur l’ensemble de la période 2016-2019, environ 1,8 million de tentatives d’arrêt ont été attribuables à « Mois sans tabac », plus du double que le nombre d’inscriptions en ligne (quelque 780 000).

Taux encourageants d’abstinence continue

Les résultats à moyen terme sont également intéressants, comme l’avait montré une enquête téléphonique (Baromètre santé) de SPF, réalisée à l’issue de la première édition : le taux d’abstinence continue à 12 mois était de 6 à 10 %, chiffre à comparer aux 3 à 5 % observés dans la littérature en l’absence d’aide extérieure.

Le profil des fumeurs ayant réalisé une tentative d’arrêt en lien avec « Mois sans tabac » avait aussi été analysé à l’occasion de la première édition de la campagne. Il s’agissait plutôt de sujets jeunes, âgés de 18 à 34 ans, sans distinction de sexe et de catégorie socioprofessionnelle. Depuis 2019 où cette donnée est renseignée lors de l’inscription, on note que les inscrits en ligne sont des femmes dans deux tiers des cas. De leur côté, les études qualitatives indiquent que les participants sont essentiellement dans une démarche collective ou en demande d’un accompagnement personnalisé. Pour prendre en compte cette attente, le recours à un professionnel de santé (notamment les médecins traitants, via les consultations de tabacologie ou à distance, via la ligne téléphonique 39 89 de Tabac info service) a cette année été davantage promu.

Les résultats des campagnes « Mois sans tabac » s’inscrivent dans la dynamique de baisse du nombre de fumeurs quotidiens en France, qui est passé, dans la population adulte, de près de 30 % en 2016 à 25 % actuellement. Une avancée à mettre au compte de toutes les actions du Programme national de lutte contre le tabagisme, qui a commencé à porter ses fruits.

Entretien avec Romain Guignard, Santé publique France

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin