Physique, mentale et sociale

La qualité de vie pâtit du tabac

Publié le 05/11/2015
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Si le concept de qualité de vie (QV) n’est pas un terme scientifique, il a le mérite d’être suggestif. Un cadre conceptuel a été proposé par l’OMS pour essayer de faire la distinction entre l’atteinte d’un organe et ses conséquences purement physiologiques d’une part et son retentissement notamment sur la vie quotidienne d’un individu et sur sa vie sociale d’autre part.

L’exposition au tabac est un comportement qui touche aussi bien les personnes en bonne santé que les malades. « On s’intéresse à la mesure de la QV du fumeur et à sa façon de fumer par rapport à la QV des non-fumeurs, explique le Pr Francis Guillemin. Le statut de l’individu sera quantifié selon qu’il est fumeur modéré, fumeur important ou ancien fumeur, par rapport au non-fumeur ».

En France, différentes études ont révélé que le fait d’être fumeur est associé à une diminution de la qualité de vie, aussi bien dans la façon dont il perçoit le fonctionnement de son corps, que sur le plan mental (les individus qui fument se déclarent plus volontiers déprimés et/ou anxieux) et une diminution de la qualité de vie sociale, la relation avec l’environnement et l’entourage étant rendue plus difficile par le fait de fumer. En outre, l’analyse des données montre également que l’arrêt du tabac est associé à une amélioration significative de la QV, tandis que la reprise du tabac s’accompagne d’une baisse de la QV.

Mais l’interaction tabagisme/qualité de vie est complexe à analyser. Paradoxalement, le fait de fumer peut ponctuellement faire ressentir un certain bien-être social car associé à un moment convivial. Et certains ex-fumeurs peuvent reprendre le tabac car fragilisés mentalement… « Quoi qu’il en soit, conclut le Pr Guillemin (Nancy), l’évaluation de la qualité de vie doit être un temps de l’acte de soins. Il faut l’expliquer au fumeur qui doit réaliser l’impact de son tabagisme sur sa propre QV. Elle prépare la consultation en vue d’une meilleure démarche de prévention ».

Entretien avec le Pr Francis Guillemin, service d¹épidémiologie et évaluation cliniques, CHU de Nancy-Brabois, Vandoeuvre-les-Nancy, et Laboratoire EA 4360 APEMAC, université de Lorraine
Dr Brigitte Martin

Source : Le Quotidien du Médecin: 9447