Une relation dose-dépendante

Vape : attention aux troubles dépressifs

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Publié le 27/11/2020
La cigarette électronique s’associe à des symptômes dépressifs, avec une relation dose-dépendante et liée à la concentration de nicotine utilisée.
Une association à rechercher

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Crédit photo : phanie

Depuis quelques années, certaines études suggèrent une association entre la consommation de cigarettes électroniques et les symptômes dépressifs. De récentes données issues de la cohorte épidémiologique française Constances (1), viennent de le confirmer. « Cette étude avait pour objectifs d’examiner les associations transversales et longitudinales entre les symptômes dépressifs et l’utilisation de la cigarette électronique dans un large échantillon de population, tout en tenant compte du tabagisme et des facteurs de confusion sociodémographiques », explique Emmanuel Wiernik, chercheur à l’Inserm.

La cohorte Constances comprend des volontaires âgés de 18 à 69 ans couverts par la Cnam-ts. Les participants ont été inclus de février 2012 à décembre 2016. L’âge, le sexe et le niveau d’éducation étaient rapportés au début de l’étude ainsi que le statut tabagique (jamais fumeurs, anciens fumeurs, fumeurs actuels), l’utilisation de cigarette électronique (jamais, anciens, actuels) et la concentration de nicotine en mg/ml.

Les symptômes dépressifs ont été évalués en utilisant l’échelle centre for epidemiologic studies depression (CES-D). Les associations entre les symptômes dépressifs et l’utilisation de l’e-cigarette à l’inclusion ont été ajustées en fonction de l’âge, du sexe et de l’éducation.

Plus de 35 000 sujets suivis

« Les résultats, portant sur 35 337 sujets, ont montré que les symptômes dépressifs (c’est-à-dire un score CES-D ≥ 19) étaient associés à l’utilisation actuelle de la cigarette électronique, avec une relation dose-dépendante. », souligne Emmanuel Wiernik. En outre, les symptômes dépressifs étaient positivement associés à la concentration de nicotine chez les utilisateurs d’e-cigarettes.

De même, dans les analyses longitudinales (30 818 personnes suivies jusqu’en 2017), les symptômes dépressifs présents au départ étaient associés, lors du suivi, à l’utilisation actuelle de la cigarette électronique (2,02 [1,72-2,37]) avec une relation dose-dépendante.

Ces associations étaient particulièrement significatives chez les fumeurs ou anciens fumeurs à l’inclusion.

Chez les personnes qui fumaient au début de l’étude, les symptômes dépressifs étaient associés à la co-consommation (tabac et e-cigarette) lors du suivi (1,58 [1,41-1,77]). Chez les anciens fumeurs, ils étaient associés soit au tabagisme seul (1,52 [1,34-1,73]), soit à l’utilisation de la e-cigarette seule (2,02 [1,64-2,49]), mais pas à la consommation des deux.

« Les symptômes dépressifs ont été positivement associés à l’utilisation de l’e-cigarette dans les analyses transversales et longitudinales, avec une relation dose-dépendante. De plus, la concentration de nicotine et les symptômes dépressifs étaient positivement associés, résume Emmanuel Wiernik. En pratique, chez des patients qui sont déprimés, il convient de faire attention à leur consommation de e-cigarettes (et/ou de tabac) ; inversement chez ceux qui consomment des e-cigarettes (et/ou du tabac), il faut rechercher des symptômes dépressifs ».

(1) Wiernik E et al. Electronic cigarette use is associated with depressive symptoms among smokers and former smokers: cross sectionnal and longitudinal findings from the Constances cohort. Addictive Behaviors 2019:85-91

Dr Christine Fallet

Source : Le Quotidien du médecin