DOSSIER 2 : LES ALLERGIES ALIMENTAIRES

Allergie alimentaire : quand et comment s'adresser à l’allergologue ?

Publié le 18/09/2014
D2-chp4-allergie

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Les situations qui nécessitent un recours au spécialiste

 
1. Les situations d’urgence
 
Plusieurs cas faisant appel à un traitement en urgence doivent systématiquement impliquer un bilan allergologique. Il peut s’agir d’un épisode aigu d’urticaire surtout s’il est généralisé, d’un angio-œdème de la face, d’une crise d’asthme aiguë grave ou d’un choc anaphylactique. L’identification du ou des allergènes responsables est impérative.
 
2. Les manifestations récidivantes
 
Des bronchites spastiques ou crises d’asthme à répétition, des épisodes quasi quotidien d’urticaire sur une période de plus de six mois, des poussées aiguës et récidivantes d’eczéma atopique (tant chez l’adulte que chez l’enfant), des troubles digestifs chroniques avec, chez l’enfant, une cassure de la courbe de poids, une toux chronique avec reflux gastro-œsophagien sont autant de circonstances pouvant altérer la qualité de vie du patient et être d’origine alimentaire. Elles doivent amener les médecins généralistes et les pédiatres à adresser à  l’allergologue.
 

En attendant le rendez-vous chez l’allergologue

 
1. Les éléments cliniques indispensables
 
Étant en première ligne, le médecin généraliste envisage une trousse d’urgence adaptée à chaque situation clinique. Il répertorie les circonstances de déclenchement sans omettre aucun élément, récupère l’emballage ou la composition du plat ingéré, décèle certains facteurs associés :
 
un épisode infectieux contemporain de l’épisode allergique, une gastro-entérite ;
une activité sportive, un stress ;
la prise de médicaments : AINS, aspirine, bêtabloquants.
 
2. La biologie
 
Le médecin prévoit un bilan biologique de dépistage en fonction des circonstances cliniques précises. 
 
1) Si ce bilan de type Trophatop® se révèle positif, il n’est aucunement question, dans un premier temps et en attendant la consultation avec l’allergologue, d’éviter systématiquement la consommation des aliments qu’il contient. Il suffit parfois de demander au patient si, depuis l’épisode aigu, il a de nouveau consommé l’aliment suspect et trois cas de figure se présentent alors :
 
Il l’a remangé sans problème sous la même présentation ou sous une autre forme (en cas de suspicion d’allergie à l’arachide avec des Curly, si la personne a remangé depuis l’épisode des M&MS ou Snickers sans problème) : le doute est levé sur cet aliment-là et aucune éviction n’est nécessaire ;
 
Il l’a à nouveau ingéré parfois de façon accidentelle ou volontaire et des symptômes sont apparus. L’éviction est préconisée au moins jusqu’au bilan allergologique ;
 
Si, en revanche, les aliments du mélange Trophatop® positif n’ont pas été à nouveau consommés, il est licite, dans le doute, de les éviter temporairement en attendant le bilan allergologique tout en autorisant les traces d’allergènes.
 
2) En cas de Trophatop® négatif et de symptômes évocateurs d’une allergie lors d’une nouvelle ingestion, l’éviction est de mise en attendant le bilan allergologique, l’aliment pouvant ne pas être inclus dans le mélange Trophatop® testé.
 
Chez l’allergologue : l’éviction totale n’est plus de mise
La notion de tolérance alimentaire physiologique a bouleversé les notions jusqu’alors admises en ce qui concerne la prise en charge des allergies alimentaires. Désormais, la possibilité d’induction de tolérance alimentaire est un argument supplémentaire pour adresser les patients à l’allergologue. Cette induction permet d’éviter l’aggravation des symptômes par rupture de tolérance et de prévenir des risques cliniques plus importants liés à une réintroduction accidentelle. L’enfant est le candidat idéal pour l’induction de tolérance de nombreux aliments ( œuf, arachide, noix de cajou, noisette, pistache, etc.). Chez l’adulte, l’indication va surtout concerner les allergies alimentaires croisées avec le pollen de bouleau.
 
 À retenir
  • Le médecin généraliste a un rôle important dans la prise en charge initiale de l’allergie alimentaire. Les informations qu’il collecte auprès de son patient sont une aide précieuse pour l’allergologue.
  • Prescrire une trousse d’urgence adaptée avant d’arriver chez l’allergologue.
  • Un test de dépistage biologique type Trophatop® positif n’implique pas l’éviction systématique de tous les aliments qu’il comporte, mais un bilan allergologique adapté.
  • Toujours faire la part des choses entre la période de sensibilisation où la biologie de dépistage peut être positive, mais sans symptômes cliniques associés (pas d’éviction alimentaire), et l’allergie où la biologie et la clinique sont corrélées.
 
Dr Catherine Quéquet
Allergologue
 
D’après un entretien avec le Dr Christine Sauvage, chef de service allergologie, hôpital Saint-Vincent-de-Paul, Lille.
 
 


Source : lequotidiendumedecin.fr