Post-infarctus du myocarde

La colchicine diminue les événements cardiovasculaires

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Publié le 05/12/2019

La colchicine, prescrite à 0,5 mg par jour, à la suite d’un infarctus du myocarde diminue significativement le risque d’événements cardiovasculaires majeurs à 2 ans, par rapport au placebo.

La maladie athéromateuse et ses complications auraient probablement un déterminisme inflammatoire

La maladie athéromateuse et ses complications auraient probablement un déterminisme inflammatoire
Crédit photo : Phanie

C’est parce que la maladie athéromateuse et ses complications ont, entre autres, un déterminisme inflammatoire probable que la colchicine justifiait d’être évaluée dans la maladie coronaire. Ainsi, une équipe franco-canadienne a mené l’étude COLCOT (Colchicine Cardiovascular Outcomes Trial) afin d’évaluer si la colchicine peut réduire, versus placebo, le risque d’événements cardiovasculaires majeurs à 2 ans. Les patients devaient avoir eu un infarctus aigu du myocarde (IDM) depuis moins d’un mois. 

23% de réduction du critère primaire 

Cet essai thérapeutique contrôlé, randomisé, a été conduit en double aveugle versus placebo. Les patients inclus devaient avoir eu un IDM dans les 30 jours précédents. Une revascularisation coronaire pouvait avoir été réalisée avant mais pas programmée après l’inclusion. Le critère primaire évalué comprenait les décès cardiovasculaires, les arrêts cardiaques ressuscités, les IDM, les AVC ou les hospitalisations urgentes pour angor justifiant une revascularisation.

Au total, 4 745 patients, âgés en moyenne de 60 ans, ont été inclus, parmi lesquels 81 % d’hommes. Ils recevaient soit de la colchicine à 0,5 mg/jour (groupe traité), soit un placebo (groupe contrôle). Au terme du suivi moyen de 23 mois, une réduction de 23 % des événements du critère primaire a été observée dans le groupe traité par rapport au groupe contrôle (131 événements sous colchicine versus 170 sous placebo ; HR = 0,77 ; IC95 % : 0,61-0,96 ; P = 0,02). Ce résultat significatif est essentiellement dû à une réduction des hospitalisations en urgence pour un angor justifiant une revascularisation (25 versus 50 événements ; HR : 0,50 ; IC95 % : 0,31-0,81) et des AVC (5 versus 19 ; HR : 0,26 ; IC95 % : 0,10-0,70), sans effet significatif sur les autres événements du critère primaire, bien qu’ils aient tous évolué vers une réduction de leur incidence. 

La tolérance du traitement a été bonne, avec comme différence significative entre les groupes un taux plus élevé de nausées (1,8 vs 1,0 %), de flatulences (0,6 vs 0,2 %) et de pneumonies graves (0,9 vs 0,4 %), aux dépens du groupe sous colchicine. 

Des interrogations en suspens…

Faut-il proposer de la colchicine après un IDM ? Il s’agit du premier résultat favorable obtenu concernant la colchicine dans la maladie athéromateuse, au sein d’un essai thérapeutique fiable. Mais, dans cette étude, ni la mortalité totale, ni la mortalité cardiovasculaire, ni le risque d’IDM ne sont diminués significativement. Ce résultat incite à proposer de la colchicine mais justifie d’être conforté par d’autres études du même type, en cours. 

Le bénéfice de la colchicine est-il lié à son action anti-inflammatoire ? Il est difficile de répondre car la colchicine a plusieurs effets, dont un effet anti-inflammatoire. Dans un sous-groupe de l’étude, les biomarqueurs de l’inflammation comme la hs-CRP ont été dosés et n’ont pas varié différemment sous colchicine et sous placebo. Toutefois, cette sous-analyse manquait de puissance pour que son résultat soit fiable.

Tardiff JC et al. Efficacy and Safety of Low-Dose Colchicine after Myocardial Infarction. NEJM 2019. DOI: 10.1056/NEJMoa1912388

Dr François Diévart

Source : Le Quotidien du médecin