Test HPV et dépistage du cancer du col

Le diagnostic moléculaire est probablement l’avenir

Publié le 14/01/2016
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Quatre tests moléculaires HPV sont aujourd’hui validés par la Food and Drug administration (FDA) mais aucun ne l’est pour d’autres prélèvements que ceux recueillis par les frottis cervicovaginaux. Ce qui veut dire que, théoriquement, on ne peut pas les utiliser sur des prélèvements oropharyngés ou anaux même si les publications scientifiques en font état. Aujourd’hui la seule indication en France dans le dépistage du cancer du col est le frottis indécis, c’est-à-dire le frottis ASC-US. Dans ce cas, le diagnostic moléculaire recherche un HPV à haut risque et selon le résultat, la patiente sera orientée ou non vers une colposcopie. C’est la seule indication pour laquelle les tests HPV sont remboursés en France par la Sécurité sociale

Les tests moléculaires sont également utilisés dans le suivi des patientes qui ont subi une conisation du col ou qui ont été lasérisées pour des cervical intraepithelial neoplasia (CIN) de grade II et III. Si à 6 mois le test revient positif pour un HPV à haut risque, une nouvelle colposcopie doit être réalisée, qui n’est pas remboursée par la Sécurité sociale. Cette attitude est préconisée depuis 2003 et n’a pas beaucoup évolué depuis.

3 000 nouveaux cas par an

Le dépistage du cancer du col n’est préconisé en France que depuis 2010 (HAS) chez toutes les femmes de 25 à 65 ans qui bénéficient d’un frottis cervico-utérin (FCU) tous les 3 ans après 2 FCU normaux à 1 an d’intervalle. Un groupe de travail étudie actuellement l’intérêt de l’introduction du dépistage moléculaire. Si entre1978 et 2000, le dépistage non organisé a permis d’abaisser la mortalité par cancer du col de 4,5 % par an, il n’en demeure par moins qu’il y a encore 3 000 nouveaux cas par an en France. Et les chiffres ont tendance à stagner depuis l’an 2000. En outre, les performances du dépistage par FCU ne sont pas idéales : sensibilité à 60 % et spécificité à 70 %. Et il existe encore 51 % de femmes qui ne sont pas dépistées.

La situation n’est donc pas idéale. Or, une étude menée en Inde sur plus de 130 000 femmes en 2009 a montré que la pratique du test moléculaire HPV s’accompagnait d’une tendance à la diminution de la mortalité par cancer du col. Et quatre grandes études menées en Europe entre 2007 et 2012 sur plus de 175 000 femmes âgées de 20 à 64 ans ont montré que la réduction des CIN III était plus importante chez les patientes dépistées par test HPV comparée à celles dépistées par FCU. Enfin, un travail paru en 2014 (1) qui reprenait le suivi des études précédentes a permis de mettre en évidence qu’un test HPV tous les 5 ans chez les femmes âgées de 30 ans et plus conférait 60 à 70 % de protection supplémentaire contre un cancer invasif du col comparé à un FCU tous les 3 ans. Une question reste en suspens : à quel âge doit-on commencer le dépistage ?

D’après la communication du Dr Sébastien Fouere, hôpital Saint-Louis, Paris

(1) Ronco G et al. The Lancet 2014;383:524-53

Dr Brigitte Martin

Source : Le Quotidien du Médecin: 9462