Un surrisque de décès par Covid encore mal expliqué

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Publié le 23/04/2021
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Le diabète est associé à un surrisque de formes sévères et de décès chez les personnes hospitalisées pour Covid-19, sans que l’équilibre glycémique antérieur n’ait d’effet. Un âge élevé et la présence de complications microangiopathiques sont des facteurs de risque de décès, quand l’obésité et l’insulinorésistance augmentent le risque de décompensation respiratoire.
Avec un tiers de décès en moins à l’hôpital, le traitement préalable par metformine s’avère être un facteur de meilleur pronostic

Avec un tiers de décès en moins à l’hôpital, le traitement préalable par metformine s’avère être un facteur de meilleur pronostic
Crédit photo : phanie

Dès le début de l’épidémie, le diabète a été suspecté d’être un facteur associé à un risque accru de Covid-19 et de formes plus sévères la maladie. Cet effet délétère du diabète a rapidement été confirmé par différentes études épidémiologiques, notamment un vaste travail mené au Royaume-Uni montrant que le diabète est associé à un risque accru de décès, quelle que soit la glycémie antérieure. Une autre étude en population, écossaise, a de son côté montré que le risque d’admission en réanimation et/ou de décès était trois fois plus élevé chez les diabétiques que dans la population générale (0,3 % vs 0,1 %, OR = 1,4), avec une forte influence de l’âge. Des données d’Epi-Phare, collectées lors de la première vague de l’épidémie, ont elles aussi mis en évidence un surrisque d’hospitalisation pour Covid-19 (OR = 1,64) et de décès intra-hospitalier en lien avec cette infection chez les diabétiques (OR = 1,75).

Analyse des phénotypes immunitaires

Plusieurs mécanismes sont avancés pour expliquer ce surrisque de formes sévères en cas de diabète : une susceptibilité accrue à l’infection, via la surexpression des portes d’entrée du virus, une exacerbation de la réponse immunoinflammatoire, une dysfonction alvéolaire favorisant l’hypoxie, une majoration du risque thromboembolique. Les recherches dans ce domaine se multiplient ; une équipe française, qui s’est intéressée à l’analyse des phénotypes immunitaires associés au Covid-19 dans le DT2, a mis en évidence une altération du nombre et de la morphologie des monocytes circulants, corrélée à la sévérité de la maladie.

L’étude menée en population en Écosse a permis de préciser le profil des diabétiques à risque : âge avancé, sexe masculin, comorbidités et facteurs de fragilité. Des données qui convergent avec celles rapportées dans l’étude française Coronado, menée spécifiquement sur une cohorte de près de 3 000 patients diabétiques hospitalisés au cours de la première vague (90 % de DT2, âge moyen de 70 ans, 64 % d’hommes, diabète évoluant depuis 11 ans en moyenne). Si, 28 jours après l’admission, la moitié des patients avaient pu retourner à domicile, 20 % des patients étaient décédés et 12,2 % étaient encore hospitalisés, ce qui témoigne de la sévérité de la maladie. Après analyse multivariée, l’âge, les antécédents de complications microvasculaires, un traitement antérieur par insuline et une dyspnée à l’admission étaient des facteurs de mauvais pronostic, tandis qu’un traitement préalable par metformine et un long délai entre le début des symptômes de Covid-19 et l’admission étaient des facteurs de meilleur pronostic. Aucun lien n’a été retrouvé entre le taux d’HbA1c et le risque de forme sévère, contrairement à la glycémie à l’inclusion. Aucun décès chez les diabétiques de type 1 âgés de moins de 55 ans n’a été rapporté.

L’étude Coronado-Control s’est attachée à analyser l’impact spécifique du statut diabétique sur le risque de forme sévère, en appariant sur l’âge, le sexe et le centre, 2 200 patients non diabétiques également hospitalisés pour Covid-19. Les premiers résultats confirment l’augmentation du risque de décès en cas de diabète, avec un odd ratio de 1,21 pour la mortalité et de 1,34 pour le critère combiné décès et intubation à J28. Les analyses sur les comorbidités sont en cours.

Symposium Covid et diabète en 2021. Communication du Pr Pierre Gourdy, Toulouse

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin