Chirurgie bariatrique 

Une baisse de 80 % des complications micro-angiopathiques

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Publié le 27/10/2016
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Étude de référence dans le domaine de la chirurgie bariatrique, SOS (Swedish obèse subjects) suit depuis près de 20 ans 343 patients diabétiques de type 2 obèses (indice de masse corporelle de 42 kg/m² en moyenne à l'inclusion) ayant bénéficié d'un geste chirurgical : anneau (n = 61), bypass (n = 55), sleeve (n = 227). Cette vaste étude prospective a démontré l'impact de la chirurgie bariatrique sur la perte de poids et sur la rémission du diabète. De nouvelles données (1) soulignent les bénéfices majeurs de la rémission prolongée du diabète sur le risque de complications micro-angiopathiques.

Quinze ans après la chirurgie bariatrique, 30 % des patients étaient en rémission de leur diabète (glycémie à jeun < 110 mg/dl ou absence d'antidiabétiques). Chez ces patients, l'incidence des complications micro-angiopathiques (rétinopathie, néphropathie, neuropathie) était significativement moindre comparativement à ceux qui étaient toujours diabétiques : 8 vs 26/1 000 années patients (OR : 0,19 ; IC 95 % 0,07-0,50; p = 0,001).

Ainsi, les patients ayant bénéficié d'une chirurgie bariatrique et qui connaissent une rémission prolongée de leur diabète ont un risque de complications micro-angiopathiques réduit de 80 % à 15 ans.

Un manchon qui mime le bypass

Tous les patients ne sont toutefois pas éligibles à la chirurgie bariatrique. Diverses techniques moins invasives sont à l'étude, notamment la pose temporaire d'un manchon duodénojéjunal par voie endoscopique, qui mime le bypass gastrique Roux-en-Y. Son impact sur l'évolution du diabète de type 2 a été évalué à partir d'un registre de plus de 200 patients suivis dans une trentaine de centres.

À l'inclusion, les patients (un tiers d'hommes) étaient âgés en moyenne de 51 ans, leur IMC était en moyenne de 43 kg/m² et leur HbA1c de 8,3 %. La majorité des patients recevaient de l'insuline (96 %) et un sur cinq un analogue du GLP1.

Après la pose du manchon, la perte de poids a été en moyenne de 15,3 kg, celle de l'IMC de 5,4 kg/m² et celle de l'HbA1c de 1,47 %. Le LDL-cholestérol et la pression artérielle systolique se sont également améliorés.

Le traitement antidiabétique oral a pu être réduit chez un tiers des patients, et plus de la moitié ont pu interrompre le traitement par analogue du GLP1. Globalement, les besoins en insuline ont été diminués de près de moitié (42 UI/j vs 91 UI/j ; p > 0,05).

Le suivi de cette cohorte de patients ayant bénéficié de la pose d'un manchon duodénojéjunal, la plus vaste à ce jour, a également permis de mieux cerner sa sécurité d'utilisation. Parmi les effets secondaires rapportés : des douleurs abdominales (13,4 %), des nausées et vomissements (8 %) et des complications plus sévères à type d'hémorragies gastro-intestinales (2 %) et d'abcès hépatiques (2 %).

Ces résultats doivent être confirmés par une étude randomisée. 

(1) D'après Taube M et al. Durable diabetes remission after bariatric surgery is associated with reduced incidence of microvascular events". CO 073 
(2) D'après Sauer N et al. " Safety and efficacy outcomes of the duodenal-jejunal bypass liner (DJBL) registry in obese patients with type 2 diabetes". CO 75

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin: 9529