La sexualité sous silence

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Publié le 28/10/2022
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Une influence négative de la MICI sur leur vie sexuelle dans 40% des cas

Une influence négative de la MICI sur leur vie sexuelle dans 40% des cas
Crédit photo : phanie

Bien que de nombreux patients atteints de troubles gastro-intestinaux souffrent de dysfonction sexuelle impactant leur qualité de vie, les hépato-gastroentérologues abordent très rarement le sujet. En effet, une récente étude française (1) a observé que l’altération de la fonction sexuelle concernait près d’une femme sur deux et un homme sur six souffrant de maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI). Dans une étude espagnole, 40 % des patients rapportaient une influence négative de la MICI sur leur vie sexuelle (2). Une enquête française, réalisée chez des patients avec syndrome de l’intestin irritable (3), avait identifié une dysfonction sexuelle chez deux tiers des femmes. Chez les hommes, la dysfonction sexuelle et érectile (sévère à moyenne) concernait plus d’un sujet sur deux.

Pour autant, les hépato-gastroentérologues s’enquièrent rarement de potentiels troubles de la sexualité chez leurs patients, d’après une étude conduite auprès de 426 gastroentérologues de la Société italienne de gastroentérologie et d’endoscopie digestive (4). « Plus de 70 % n’ont jamais, ou peu, évoqué ce sujet avec leurs patients (encore moins souvent les jeunes que les médecins expérimentés). De même, la plupart des patients n’ont jamais discuté de problèmes sexuels lors d’une visite chez leur gastroentérologue », résumait le Pr Marco Romano (Naples, Italie), principal auteur de l’étude. Le manque de connaissances (58 %), de temps (44 %) et un certain embarras (30 %) sont avancés. Pour autant, plus de 70 % des répondants ont indiqué que tous les spécialistes devraient être capables de gérer les problèmes sexuels, et plus de 80 % jugeaient qu’il serait utile que les gastroentérologues suivent des cours dédiés à ce type de problème.

(1) Rivière P et al. Médecine humaine et pathologie 2017
(2) Ghosh S et al. Inflamm Bowel Dis. 2017 Mar;23(3):333– 40
(3) JM Sabaté et al. JFHOD 2022, abstract CO 31 / 2018
(4) Romano L et al. UEGW 2022, abstract OP012

Hélène Joubert

Source : Le Quotidien du médecin