UNE DES PREMIÈRES applications de l’imagerie fonctionnelle en pathologie digestive a été la quantification de la charge en fer au niveau du foie, très utile pour le diagnostic et le suivi des patients souffrant d’hémochromatose, fréquente dans l’ouest du pays. Des séquences d’IRM ont été développées à l’université de Rennes, et sont aujourd’hui utilisées largement en pratique quotidienne en France et dans le monde. Plus récemment, des centres experts ont mis au point des séquences permettant de quantifier la surcharge en graisse au niveau hépatique, ce qui devrait permettre, dans un avenir proche, de mieux dépister les stéatohépatites non alcooliques (NASH), dont l’incidence s’accroît parallèlement à celle de l’obésité.
Autre grand domaine de progrès en imagerie digestive : les pathologies oncologiques, à la fois dans le dépistage, le bilan d’extension et le suivi. L’échographie reste l’examen de première intention dans le dépistage du carcinome hépatocellulaire chez les patients ayant une hépatopathie chronique d’origine virale, mais l’IRM et le scanner sont également devenus très performants. La coloscopie virtuelle, dont la place dans cette indication reste à préciser, se montre d’une très bonne sensibilité, de plus de 90 %, dans le dépistage des polypes de plus de 10 mm.
Le développement des techniques de perfusion et surtout de diffusion (qui se fonde sur la restriction de la capacité à circuler librement des protons dans les tissus malades) trouve de nombreuses indications. L’IRM de diffusion a révolutionné, depuis une dizaine d’années, le diagnostic précoce des accidents vasculaires cérébraux. En oncologie digestive, l’IRM de diffusion occupe une place de plus en plus importante dans le bilan d’extension des cancers, primitifs ou secondaires. La technique de diffusion, qui vient s’ajouter aux séquences d’IRM classiques, est notamment très performante dans l’étude du foie, car elle permet d’augmenter la sensibilité de détection des métastases hépatiques de cancer colorectal ou de tumeurs endocrines. Elle trouve également des applications dans l’évaluation de l’efficacité de certains traitements. Elle est ainsi de plus en plus utilisée dans le suivi de cancers du canal anal ou du rectum, l’augmentation du coefficient apparent de diffusion paraissant en effet refléter l’efficacité du traitement néoadjuvant. Le Pr Valérie Vilgrain donnera une conférence sur le thème « Imagerie fonctionnelle hépatique : au-delà de la morphologie » en séance plénière le vendredi 16 mars à 12 heures.
L’entéro-IRM, peu invasive, est devenue incontournable dans le suivi des patients présentant une maladie de Crohn, qui sont souvent des sujets jeunes qui devront être suivis durant la vie entière. Là encore, les séquences de diffusion peuvent permettre de quantifier l’activité de la maladie.
Enfin, l’imagerie, échographie et scanner, occupe aujourd’hui une place majeure dans les services d’urgences, notamment dans les urgences digestives. Une communication du Pr Patrice Taourel est consacrée aux « Douleurs abdominales inhabituelles : apport de l’imagerie », le vendredi 16 mars, à 8 h 50. L’essor de l’imagerie en coupes a eu pour corollaire une explosion du nombre de scanners, et a conduit à réfléchir au problème de l’irradiation potentiellement excessive de la population. Les industriels ont énormément travaillé avec les radiologues pour mettre au point de nouvelles techniques de reconstruction permettant de réduire la dose délivrée aux patients. Cette baisse, qui est aujourd’hui de 50 % environ, devrait se poursuivre.
D’après un entretien avec le Dr Marc Zins, groupe hospitalier Saint-Joseph, Paris.
Le Dr Zins n’a déclaré aucun lien d’intérêt.
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