Diversification alimentaire : ce que disent les recommandations 2015

Publié le 18/11/2015
bebe puree

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La diversification alimentaire est « une phase d’adaptation physiologique, sensorielle et psychoaffective à une alimentation autonome et omnivore », précisent les dernières recommandations (1). En France, elle consiste en l’introduction d’aliments avec de nouvelles saveurs et textures chez un nourrisson qui recevait jusqu’alors exclusivement le lait maternel ou une préparation pour nourrissons.
Il s’agit d’une étape importante car le mode d’alimentation peut influencer la santé ultérieure, par le biais de mécanismes de programmation. 

La marche allergique

L’âge et les modalités de la diversification alimentaire ont grandement évolué avec le temps. Très tardive au XIXe siècle, puis très précoce dans les années 1960-1970, elle est désormais préconisée entre les âges de 4 et 6 mois révolus, depuis la description de la « marche allergique » et du rôle de l’âge du début de proposition des aliments dans la survenue de maladies allergiques.
Les études cliniques ont en effet clairement démontré l’impact délétère d’une diversification trop précoce, avant l’âge de 4 mois, sur le risque d’allergies, mais aussi sur celui de surpoids à l’âge adulte (2). À l’inverse, aucune étude n’a mis en évidence un quelconque bénéfice à retarder l’introduction des principaux aliments réputés allergéniques après l’âge de 4 à 6 mois. La possible augmentation du risque d’allergie lors d’une diversification retardée après l’âge de 7 mois, soulignée dans des études observationnelles, a conduit à proposer de commencer la diversification entre 4 et 6 mois. Toutefois, aucun essai randomisé n’a démontré, à ce jour, une augmentation du risque d’allergie à un aliment si celui-ci est introduit tardivement.

Gluten

L’âge de l’introduction du gluten a également été très débattu. S’il a longtemps été conseillé de ne l’introduire qu’après l’âge de 6 mois, les études menées ces dernières années ont semé le doute en donnant des résultats pouvant paraître contradictoires. Les études observationnelles ont mis en évidence un effet protecteur de l’introduction du gluten entre 4 et 6 mois et de l’allaitement maternel chez les nourrissons à risque. Mais la dernière étude randomisée européenne ne le confirme pas.
En fait, il semble que l’introduction du gluten entre 4 et 6 mois n’a pas d’impact, ni protecteur ni délétère, sur le risque ultérieur de maladie cœliaque.
La quantité de gluten pourrait en revanche jouer un rôle. C’est ce que suggèrent, notamment, les différences de prévalence de la maladie cœliaque entre des pays comme le Danemark et la Suède, où la quantité de gluten ingérée par les nourrissons varie fortement. Ainsi, quel que soit l’âge de choix pour son introduction, elle doit débuter par de petites quantités.
Au total, les experts recommandent de commencer la diversification entre 4 et 6 mois, pas avant en raison du risque d’allergie, et pas après car ni le lait maternel ni les préparations pour nourrissons ne suffisent à répondre à eux seuls aux besoins (1, 3). Cela s’applique également aux enfants à risque d’allergie du fait d’un antécédent familial (parents, fratrie), y compris pour les aliments réputés les plus allergisants.
La diversification débute par l’introduction de céréales vers 4 ou 5 mois et s’étend ensuite progressivement (voir fiche « Les modalités pratiques de la diversification »).

Dr Isabelle Hoppenot
 
D’après un entretien avec le Dr Alain Bocquet, responsable du groupe « nutrition » dans l’Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA).
 
Références
(1)   Diversification alimentaire. Évolution des concepts et recommandations. Comité de nutrition de la Société française de pédiatrie. Archives de Pédiatrie 2015 ; 22 : 457-60.
(2)   Seach KA et al. Delayed introduction of solid feeding reduces child overweight and obesity at 10 years. Int J Obes (Lond) 2010 ; 34 : 1475-9.
(3)   Bocquet A. Diversification alimentaire. In O. Goulet, M. Vidailhet, D. Turck (ed.), Alimentation de l’enfant en situations normale et pathologique. 2e édition, Doin éditeurs, Paris, 2012 : 175-91.
 


Source : lequotidiendumedecin.fr