Un enfant sur 50 est concerné

L’immunothérapie orale efficace dans l’allergie aux cacahuètes

Publié le 06/02/2014
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Crédit photo : S TOUBON

Ce traitement a permis a des enfants allergiques de consommer des doses de cacahuètes équivalentes à 5 cacahuètes bien supérieures à celles trouvées dans les aliments contaminés accidentellement, un soulagement pour ces enfants et leurs parents qui redoutent une réaction allergique mortelle, a expliqué le Dr Andrew Clarck (Royaume-Uni) qui a supervisé l’étude. C’est une avancée importante puisque un enfant sur 50 serait allergique aux cacahuètes, et cette allergie constitue la première cause d’allergie alimentaire potentiellement fatale.

L’essai randomisé croisé a été mené chez 99 enfants allergiques âgés de 7 à 16 ans. Durant les 6 premiers mois, le groupe témoin évitait les cacahuètes tandis que le groupe traité recevait l’immunothérapie orale (ingestion quotidiennes de doses de farine de cacahuètes, augmentées toutes les 2 semaines, en commençant par 2 mg/j pour atteindre 800 mg/j).

À la fin de cette première phase, tous les enfants subissaient un test de provocation orale, contrôlé par placebo en double insu, afin d’évaluer leur allergie aux cacahuètes. Durant la seconde phase, le groupe témoin recevait l’immunothérapie orale, suivie d’un test de provocation.

25 fois le seuil de tolérance

Les résultats montrent que l’immunothérapie orale permet d’élever le seuil de tolérance d’au moins 25 fois, de telle façon que 84 à 91 % des enfants peuvent tolérer l’ingestion de 800 mg de protéine de cacahuète, soit l’équivalent de 5 cacahuètes. En outre, 54 à 62 % des enfants sont désensibilisés dans le sens où ils peuvent tolérer l’ingestion de 1 400 mg de protéine, soit l’équivalent de 10 cacahuètes.

Par ailleurs, les effets secondaires sont légers et leur qualité de vie est nettement améliorée.

« Nous avons constaté que l’immunothérapie orale est bien tolérée et confère une protection chez la plupart des enfants allergiques dans ce groupe d’âge en élevant leur seuil de réaction », résume le Dr Pamela Ewan. Elle prévient toutefois que « l’immunothérapie orale doit être administrée uniquement par des spécialistes ».

Le Dr Matthew Greenhawt (Université du Michigan) souligne dans un commentaire associé que, malgré ces résultats exceptionnellement prometteurs, l’immunothérapie orale reste expérimentale. Plusieurs années de recherche sont encore nécessaires pour affiner les protocoles, valider les résultats, comprendre les mécanismes d’action et minimiser les effets secondaires.

Lancet 30 janvier 2014, Anagnostou et coll.

Dr Véronique Nguyen

Source : Le Quotidien du Médecin: 9299