Le rôle des enfants dans la transmission du Sars-COV-2 a fait l’objet de nombreuses rumeurs et controverses. Mais les données accumulées depuis le début de la pandémie ont confirmé qu’avant l’âge de 11 ans, les enfants sont peu contaminés et peu contaminants.
« Globalement, au niveau mondial, les études pédiatriques en ambulatoire sont peu nombreuses mais plusieurs tendances fortes se dégagent », a indiqué le Dr Christophe Batard, pédiatre à Vincennes. Les taux de positivité des tests PCR sont plus faibles que chez l’adulte, et les formes asymptomatiques et paucisymptomatiques sont très fréquentes. « Les signes cliniques sont non spécifiques, partagés avec de nombreuses infections pédiatriques, ce qui explique la réticence des praticiens de première ligne à prélever systématiquement les enfants venant consulter pour des symptômes banaux », souligne-t-il.
Une forte implication des pédiatres libéraux
Prescrire un test à bon escient pose la question des facteurs prédictifs de positivité. « Grâce à l’Association clinique et thérapeutique infantile du Val-de-Marne (Activ) et à la mobilisation des réseaux existants en ville et à l’hôpital, nous avons pu réaliser plus d’une dizaine d’études riches d’enseignements dans ce contexte », a rapporté le Dr Batard. La première, l’étude Coville, qui a inclus plus de 600 enfants au cours du premier confinement, a retrouvé un taux de positivé des tests de 1,8 %. Puis l’étude Vigil 1, qui concernait cette fois des enfants suspects d’infection à Sars-COV-2 en période de faible circulation virale (du 1er juin au 31 juillet 2020), a rapporté un taux de positivité des tests PCR de 1,4 % en l’absence de contact à risque, mais s’élevant à 8,4 % en cas de contact. Vigil 2 a ensuite inclus près de 2 600 enfants symptomatiques entre le 2 novembre 2020 et le 1er avril 2021 ; elle a révélé l’absence d’effet du variant anglais sur les taux de positivité des tests PCR.
Cet observatoire national de la prise en charge des jeunes enfants a souligné la grande variabilité des symptômes cliniques, même si fièvre (80 %), toux (60 %) et asthénie (47,5 %) prédominent. Mais il n’y a aucun signe clinique prédictif de la positivité du test, exception faite de l’anosmie/agueusie et des céphalées, difficilement exprimées par les plus jeunes.
Faible positivité chez les enfants en crèche
L’analyse multivariée des données montre clairement que les enfants symptomatiques les moins à risque d’avoir un test positif sont ceux gardés en crèche. Le risque est en revanche multiplié par 3 (13,2 %) chez les moins de 3 ans gardés à la maison. Le taux de positivité est de 6 % chez les enfants en maternelle, de 9,6 % chez ceux de primaire et de 16 % chez les adolescents.
La décision de la réalisation, ou non, d’un test doit se faire en fonction de l’environnement. L’observatoire montre qu’en l’absence de contact avec une personne positive, le taux de positivité des tests est de 3,6 %, mais il passe à 41,7 % en cas de contact avec un adulte positif au sein du foyer et à 36,4 % s’il s’agit d’un contact avec un enfant vivant au même domicile. Lorsque le contact concerne un adulte hors de la maison, le taux de positivité est de 24 %.
En pratique, aucun signe clinique ne peut orienter vers le Covid-19 et il faut, quelle que soit la circulation virale, se baser sur trois facteurs de risque essentiels que sont un cas prouvé dans la famille (adulte ou enfant), un cas prouvé chez un adulte hors de la famille et un cas suspect hors famille. Ainsi, si l’enfant est cas contact prouvé, un test diagnostic PCR ou antigénique s’impose. En l’absence de contact prouvé, la nécessité de pratiquer un test se discute en fonction de la circulation virale, de l’âge de l’enfant, de la présence ou non d’un nouveau variant, de la couverture vaccinale et des conséquences éventuelles.
L’infection par le Sars-Cov-2 est, de façon globale, peu sévère chez l’enfant. À la fin avril 2021, seulement 4 500 hospitalisations avaient été dénombrées chez les moins de 18 ans, dont moins de la moitié avaient été directement motivées par une symptomatologie sévère. En effet, selon les données de l’observatoire Pandor, dans plus d’un tiers des cas les enfants — essentiellement âgés de moins de 3 mois — avaient été hospitalisés juste parce qu’ils présentaient un test PCR positif.
Exergue : Avant l’âge de 11 ans, les enfants sont peu contaminés et peu contaminants
Table ronde « Covid-19 chez l’enfant »
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Agir vite en cas de suspicion de Pims
Un projet pour améliorer le suivi médical en protection de l’enfance
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La succion-déglutition revue
Des conséquences préoccupantes sur la santé mentale
Une pandémie sociétale en pédiatrie
Mésusage des toilettes à l’école
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