Troubles du comportement alimentaire : à faire et à ne pas faire

Publié le 17/10/2016
Les troubles du comportement alimentaire sont très fréquents. Ils motivent en effet une consultation de pédiatrie sur quatre, voire une sur trois chez les enfants qui ont un retard ou un handicap développemental.
 
Parmi les principales causes : le « petit mangeur », l’enfant sélectif, l’enfant qui refuse les morceaux, les anorexies posttraumatiques, les anorexies du jeune enfant, les phobies alimentaires et les troubles sensoriels de l’oralité se déclinant soit sous la forme d’une hyposensibilité, soit sous la forme d’une hypersensibilité sensorielle. Ces troubles peuvent aussi être un signe d’une pathologie du spectre autistique.
 
Les manifestations en sont variées : refus de manger, pleurs, colères, agitation, fermeture de bouche dès l’approche du biberon ou de la cuillère, nausées et/ou vomissements, repas qui durent.  

Dès le début des difficultés : ni forcing, ni chantage, ni rapport de forces
Il faut bien sûr, avant tout, éliminer une cause organique et une consultation médicale s’impose lorsque les troubles durent plusieurs jours.  
En l’absence de pathologie organique, si la courbe de croissance staturo-pondérale et le développement de l’enfant sont normaux, il faut alors rassurer les parents et leur expliquer de bannir le forcing et le chantage, qui risquent de majorer le trouble, quelle que soit sa cause. Le forcing est en effet le principal facteur de risque de pérennisation ou d’aggravation des troubles. Les parents doivent en revanche être à l’écoute de leur enfant et préférer la souplesse aux attitudes rigides, sans pour autant être laxistes et ignorer les difficultés.  

Le droit de ne pas aimer
Il importe à ce stade de leur rappeler que les enfants doivent s’approprier progressivement les propriétés des aliments nouveaux (couleurs, odeurs, textures). Un nouvel aliment doit en moyenne leur être proposé de 7 à 8 fois à quelques jours d’intervalle afin d’être accepté. Un enfant, comme un adulte, a également parfaitement le droit de ne pas aimer un aliment, un légume par exemple. Il peut aussi être utile de réchauffer une fois un plat si le repas dure un peu ou d’accepter qu’un enfant aime manger froid. Les repas doivent se dérouler dans le calme, sans avoir besoin de recourir à toutes formes de distraction dès qu’une difficulté apparaît. Il est aussi primordial que l’enfant puisse participer au repas familial. Toute la difficulté pour le praticien est de trouver le juste milieu entre une attitude trop rassurante et un discours plus alarmiste car il faut rester vigilant et être réactif si les difficultés persistent ou s’aggravent.
 
Une prise en charge spécifique en cas de persistance ou d’aggravation
Lorsque les troubles persistent ou s’aggravent, que les repas deviennent de plus en plus conflictuels et source de déplaisir, qu’ils se prolongent au-delà d’une heure (un repas normal dure environ 30 minutes), une prise en charge s’impose.  
Si une cause dans la sphère du relationnel est suspectée, l’enfant et les parents seront orientés plutôt vers un psychologue.
Si un trouble sensoriel de l’oralité ou de sélectivité alimentaire paraît probable, l’orientation se fera alors vers un professionnel des troubles de l’oralité.  Il n’est pas toujours aisé de trouver facilement un professionnel spécialisé, mais les parents peuvent prendre contact avec des personnes ressources, sur Internet par exemple.  L’essentiel est aujourd’hui que les pédiatres et les médecins généralistes soient sensibilisés à ces problématiques afin qu’ils n’hésitent pas à proposer un vrai travail de guidance à ces enfants et à leurs parents.


Dr Isabelle Hoppenot

D’après un entretien avec Véronique Leblanc, psychologue clinicienne, psychothérapeute pour enfants, hôpital universitaire Robert-Debré, Paris, présidente de l’association Groupe MIAM-MIAM 

www.groupe-miam-miam.fr

 
 

Source : lequotidiendumedecin.fr