Dans un large éventail de PID

L’effet homogène du nintedanib

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Publié le 04/11/2019
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L’étude Inbuiid, présentée au congrès et publiée dans le NEJM (1,2), montre que le nintedanib peut ralentir le déclin de la fonction pulmonaire dans de nombreuses pneumopathies interstitielles fibrosantes progressives et ce quel que soit leur aspect.
Un ralentissement indépendant de l’aspect de la fibrose

Un ralentissement indépendant de l’aspect de la fibrose
Crédit photo : Phanie

Le nintedanib (Ofev, Boehringer Ingelheim) est déjà indiqué depuis plusieurs années dans la fibrose pulmonaire idiopathique (FPI). Mais il existe plus de 200 autres formes de pneumopathies interstitielles diffuses (PID) fibrosantes progressives : la pneumopathie d’hypersensibilité chronique, les PID auto-immunes telles que la PID associée à une polyarthrite rhumatoïde ou à une sclérodermie systémique (PID-ScS) – qui est retrouvée chez 13 à 16 % des patients – ou encore la PID associée à une connectivite mixte, la sarcoïdose et enfin les formes idiopathiques de PID, à savoir la pneumopathie interstitielle non spécifique et la PID idiopathique inclassable. « Dans ces PID fibrosantes progressives, l’évolution de la maladie et les symptômes ne diffèrent pas quelle que soit la maladie sous-jacente, a souligné le Pr Vincent Cottin (Lyon). Les patients atteints de PID non FPI peuvent développer un phénotype progressif qui provoque une fibrose pulmonaire (18 à 32 % des patients), une détérioration de la qualité de vie et une mortalité précoce similaire à celle de la FPI. Ainsi, dans la PID associée à une sclérodermie systémique, la PID est la principale cause de mortalité (35 % des patients). » Aucune option thérapeutique autorisée influençant de manière efficace l’évolution de ces maladies n’est à ce jour disponible.

Déclin pulmonaire ralenti de 57 %

Inbuild (1,2) est la première étude clinique conduite dans ce domaine à avoir regroupé les patients sur la base du comportement clinique de leur maladie plutôt que selon le diagnostic primaire. L’étude randomisée en double aveugle contrôlée versus placebo, conduite dans 153 centres dans 15 pays, a évalué l’efficacité, la sécurité d’emploi et la tolérance du nintedanib (150 mg, 2 fois par jour) sur 52 semaines chez des patients atteints de PID fibrosante progressive. 663 patients satisfaisant aux critères de progression de la pneumopathie interstitielle au cours des 24 derniers mois ont été inclus. Le critère d’évaluation principal était le taux annuel de déclin de la CVF (mL/an).

Les résultats montrent un ralentissement du déclin de la fonction pulmonaire de 57 % sur l’ensemble de la population de l’étude, avec un taux annuel ajusté de déclin de la CVF sur 52 semaines de – 80,8 ml/an versus – 187,8 ml/an avec le placebo. Cet effet était homogène, quel que soit l’aspect de fibrose (de type pneumopathie interstitielle commune ou non).

L’effet indésirable le plus fréquent a été la diarrhée (66,9 vs 23,9 %). Le profil de tolérance hépatique est identique à celui observé précédemment chez les patients atteints de FPI (étude Inpulsis) et de PID associée à une sclérodermie systémique (étude Senscis).

« Ces résultats ouvrent de nouveaux horizons », s’est réjoui le Pr Kevin Brown (Denver). Des demandes d’autorisation du nintédanib dans cette nouvelle indication ont récemment été déposées auprès de la FDA et de l’EMA.  

Communications des Pr Vincent Cottin (Lyon) et Kevin Brown (Denver) lors du symposium organisé par Boehringer Ingelheim

(1) Flaherty KR et al. Nintedanib in progressive fibrosing interstitial lung diseases. NEJM, 29 sept 2019.

(2) Abstract RCT 1 881. Flaherty KR et al. Nintedanib in patients with chronic fibrosing interstitial lung diseases with progressive phenotype : the Inbuild trial

Dr Christine Fallet
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Source : Le Quotidien du médecin