Pollution atmosphérique

Une menace pour les enfants

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Publié le 04/11/2019
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Les effets de la pollution atmosphérique chez les femmes enceintes et les enfants sont très préoccupants, de très nombreuses études de cohorte présentées au congrès l’ont confirmé.
Les données alarmantes s’accumulent

Les données alarmantes s’accumulent
Crédit photo : Phanie

Chez les nourrissons, la pollution atmosphérique est une cause de mortalité significative. La Dr Sarah Kotecha (Cardiff, Royaume-Uni) et son équipe ont analysé (1) les données de près de huit millions de naissances en Angleterre et au Pays de Galles entre 2001 et 2012, ainsi que les décès survenus, en les croisant avec les données sur la pollution. Le pays a été divisé en environ 35 000 zones, chacune ayant une taille de population similaire, de 1 500 résidents ou 650 ménages. Un lien a ainsi pu être établi entre l’exposition annuelle à la pollution et les taux de mortalité dans chaque zone.

Gaz, particules fines et décès

Par rapport aux zones les moins polluées, les chercheurs ont constaté une augmentation du risque de décès dans les zones les plus polluées comprise entre 20 % et 40 % pour les décès toutes causes confondues chez les nourrissons (âgés de moins d’un an) ; des chiffres similaires pour les décès néonataux (survenant dans les 28 jours suivant la naissance). L’augmentation de risque pour les décès post-néonataux (compris entre 28 jours et un an) est de 30 à 50 %.

Après ajustement pour les facteurs confondants (poids de naissance, âge maternel, sexe, naissance multiple…), ces niveaux de risques sont légèrement inférieurs : le risque de décès pour les nourrissons augmente de 7 % avec la pollution en dioxyde d’azote (NO2), de 4 % pour les particules de diamètre ≤ 10 µm (PM10), et de 19 % pour le dioxyde de soufre (SO2). Le risque de décès néonatal augmente de 21 % pour le SO2, tandis que l’augmentation n’est pas significative pour le NO2 et le PM10. Le risque de décès postnatal, quant à lui, augmente respectivement de 11 %, 12 % et 15 % pour le NO2, PM10 et SO2.

Ainsi, les trois polluants sont associés à une augmentation du risque de décès des nourrissons, avec une différence d’action pour le SO2 qui agirait sur le développement du fœtus via un passage à transplacentaire, ce qui augmenterait la mortalité néonatale.

Diminution de la fonction pulmonaire

Une deuxième étude (2), présentée par la Pr Anne Hansell (Leicester, Royaume-Uni) à partir de la cohorte britannique Alspac a évalué l’effet de la pollution atmosphérique (PM10) au cours de la grossesse, de la petite enfance et de l’enfance, sur la fonction pulmonaire (VEMS et CVF) d’enfants à l’âge de 8 et 15 ans. Environ 14 000 ont été inclus dans l’analyse. Entre 1990 et 2008, les auteurs de l’étude ont calculé leur exposition individuelle aux PM10 dûs au trafic routier à chaque trimestre de la grossesse, de la naissance de l’enfant à ses 6 mois, de son 7e à son 12e mois, puis annuellement jusqu’à l’âge de 15 ans.

Résultat, chaque augmentation de 1 mg/m3 de l’exposition aux PM10 durant le premier trimestre de la grossesse est associée à une diminution de 0,8 % de la fonction pulmonaire. Cela correspond à une réduction moyenne du VEMS et de la CVF respectivement de 14 et 16 ml à l’âge de huit ans. Ces associations sont similaires pour les expositions au cours du 2e et 3e trimestre de la grossesse.

Elles sont plus nettes chez les garçons et chez les enfants dont la mère avait un niveau d’éducation moins élevé ou fumait. Aucune association négative n’a été observée à l’âge de 15 ans.

(1) Abstract PA 297. Kotecha S et al. Effects of air pollution on all cause neonatal and post-neonatal mortality : population based study

(2) Abstract OA 482. Hansell A et al. Prenatal early-life and childhood exposure to air pollution and lung function in the UK Avon Longitudinal Study of Parents and Children (ALPSAC) cohort

Dr Christine Fallet

Source : Le Quotidien du médecin