Les vaccins bivalents actuels présentent l’avantage de conférer une protection suffisante contre les souches initiales plus virulentes, tout en protégeant contre Omicron et d’autres sous-variants circulant en France, notamment la souche BQ 1.1, qui est associée à une forte transmissibilité mais qui touche plutôt les voies aériennes supérieures qu’inférieures. Initiée en octobre 2022 pour les personnes les plus vulnérables, à risque de formes graves, la quatrième dose de rappel est à présent ouverte à tous les Français. Bien que non obligatoire, elle est fortement recommandée pour les personnes âgées, celles ayant des comorbidités et à l’entourage de personnes vulnérables. La vaccination de rappel permet de maintenir les taux d’anticorps à des niveaux appropriés. L’objectif reste d’éviter les formes sévères et l’hospitalisation.
« Une étude récente (1) vient de montrer que le nombre de rappels est corrélé à une diminution du risque de faire un Covid long. C’est un point important à souligner pour les sujets jeunes, qui se considèrent souvent comme peu à risque de formes sévères et ne font pas les rappels », propose la Pr Claire Andréjak (CHU d’Amiens), responsable du groupe de recherche et enseignement en pneumo-infectiologie (Grepi) de la SPLF.
Ne pas hésiter à prescrire le Paxlovid
En curatif, l’antiviral Paxlovid (nirmatrelvir/ritonavir) est recommandé en première intention chez les patients à risque d’évolution vers une forme sévère (âgés de plus de 65 ans, immunodéprimés, ou porteurs de comorbidités à haut risque de forme grave). Il doit être administré précocement, dans les cinq jours suivant l’apparition des symptômes, et pendant cinq jours. « Le Paxlovid permet de diminuer la multiplication virale, la durée des symptômes ainsi que les hospitalisations. Cependant, il est sous-prescrit en raison du risque d’interactions médicamenteuses. Pour éviter toute interaction, la Société Française de pharmacologie et de thérapeutique met à disposition sur son site des recommandations très complètes, pour savoir si on peut le prescrire et si l’on doit adapter le traitement associé (2) », indique la spécialiste.
Syndrome persistant post-infectieux
La physiopathologie du Covid long reste encore mal définie et les symptômes sont des plus variés. Faute de définition précise, les diagnostics injustifiés semblent se multiplier. « Il faudrait plutôt parler de ‘syndrome persistant post-infectieux’, comme on en rencontre après de nombreuses infections virales respiratoires, plutôt que de ‘Covid long’. Plus de 150 symptômes ont été décrits dans le Covid dit long et on n’arrive pas à en tracer les contours. Le bilan initial est essentiel avant de mettre une étiquette, prévient la Pr Claire Andréjak. La seule chose dont on soit sûr est qu’il existe un lien chronologique entre le Covid et les symptômes persistants, mais on ne sait pas s’il s’agit d’un lien causal. »
« Faute de définition précise, les diagnostics injustifiés semblent se multiplier »
Le syndrome d’hyperventilation semble être particulièrement fréquent, mais il n’est pas spécifique du Covid. Il faut garder une démarche diagnostique classique devant des symptômes qui persistent ou qui apparaissent après le Covid. On peut ainsi découvrir une pathologie préexistante (BPCO, cancer du poumon…), ou la décompensation d’une comorbidité.
La SPLF réalise en ce moment une analyse portant sur une grande cohorte de patients ayant consulté un pneumologue pour des symptômes respiratoires pouvant éventuellement faire partie d’un Covid long.
Entretien avec la Pr Claire Andréjak, pneumologue au CHU d’Amiens, responsable du groupe de recherche et enseignement en pneumo-infectiologie (Grepi)
(1) Azzolini E et al. JAMA 2022 Aug 16;328(7):676-8
(2) https://sfpt-fr.org/recospaxlovid
Article précédent
L’exposome, une priorité pour la SPLF
Article suivant
Mieux détecter la BPCO
Nettes améliorations pour le cancer du poumon
Les indications de Kaftrio s’élargissent
L’exposome, une priorité pour la SPLF
Nouveaux vaccins et Covid long
Mieux détecter la BPCO
Mise à jour FPI
Les SMS du congrès CPLF 2023
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?