Une méta-analyse vient d’évaluer, à l’échelle mondiale, l’évolution de la survie des patients atteints de lupus érythémateux disséminé (LED), sur les soixante dernières années (1). Au total, 281 études observationnelles publiées entre 1955 et 2020 ont été retenues pour l’analyse. Les résultats montrent une nette amélioration, régulière de la survie des patients.
De 1960 à 2020, la survie globale (SG) à cinq et dix ans des patients lupiques est passée respectivement de 71,82 % à 97,27 % et de 58,23 % à 90,44 %. La SG à 15 ans a progressé de 64,36 % dans les années 1980 à 85 % en 2020. Quant à la SG à 20 ans, elle était de 58,82 % en 1990 et 84,02 % en 2020. Alors que les atteintes cardiovasculaires ont eu un effet significatif sur le taux de survie à cinq ans, la diminution des troubles neuropsychiatriques et l’indice de séquelles (damage score indice) initial ont eu une influence significative sur la SG à dix ans.
Les résultats prometteurs du telitacicept
Le telitacicept est une protéine de fusion recombinante (TACI-Fc), qui cible le stimulateur des lymphocytes B (BLyS) et un ligand induisant la prolifération (APRIL). Il est approuvé en Chine pour le traitement des patients atteints de LED actif. Il a été évalué, versus placebo, dans une étude de phase 3 randomisée (2), menée en double aveugle chez 365 patients atteints de LED (score SELENA-SLEDAI ≥ 8). Les participants recevaient toutes les semaines soit le telitacicept 160 mg (n = 167), soit un placebo (n = 168), par voie sous-cutanée pendant 52 semaines. Au niveau des biomarqueurs immunologiques, les résultats ont montré une augmentation rapide et soutenue des compléments C3 et C4 plus élevée après traitement par telitacicept que dans le groupe placebo, et une réduction des IgM, IgG, IgA et cellules B CD19+. Sous telitacicept, significativement plus de patients ont montré une amélioration du score SELENA-SLEDAI à la semaine 52 (réduction de quatre points ou plus), par rapport au placebo (70,1 % versus 40,5 %). Les taux d’effets indésirables et d’infections étaient comparables dans les deux groupes.
Quel recours aux corticoïdes oraux en vie réelle ?
L’étude française Lupin-F (3) a utilisé le fichier du système national des données de santé, qui porte sur plus de 66 millions de personnes. Les patients lupiques ont été identifiés avec le code CIM-10 pour LED (M32). Au total, 32 173 patients atteints de LED (49,9 ans d’âge moyen, 86,1 % de femmes) étaient en vie au 1er janvier 2020, avec une durée moyenne de la maladie de 7,1 ans. Parmi ces sujets, 48,2 % étaient traités par un corticoïde oral. La dose quotidienne moyenne était inférieure à 5 mg/jour chez 35,7 % des patients, comprise entre 5 et 7,5 mg/jour pour 6,4 %, et supérieure à 7,5 mg/jour dans 6,1 % des cas.
Les comorbidités spécifiques au lupus (atteinte glomérulaire, cutanée, polyarthrite, pleurésie, péricardite, thrombopénie) étaient significativement augmentées chez les patients recevant des doses plus élevées. De manière frappante, 14,6 % des patients sous corticoïdes à la dose de 5 à 7,5 mg/jour et 14,2 % des sujets recevant plus de 7,5 mg/jour n’étaient pas traités par antipaludéens de synthèse, ni immunosuppresseurs, ni aucune biothérapie. Ces résultats mettent en évidence la nécessité d’un contrôle strict de la maladie, ainsi que de la mise en place de stratégies robustes d’épargne de la corticothérapie, afin de diminuer les complications.
(1) Lim T et al. Abstract OP 0260
(2) Wang L et al. Abstract OP 0137
(3) Arnaud L et al. Abstract OP 0046
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