Le tabou de la taille du vagin

Publié le 06/11/2015

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Forum des rumeurs

A la différence du pénis, le vagin ne faire guère gloser. D’ailleurs, les chiffres qui mesurent ce « fourreau » (du latin vagina) ne sont pas, ou très peu évoqués, comme si le vagin, c’était un sujet tabou. Quand même, à défaut de parler de la taille du vagin avec la prolixité suscitée par celle du pénis, une rumeur circule en sourdine sur les forums spécialisés : les hommes préfèrent les étroits. « Marre de ces vagins larges comme des bouches de métro », lance finement un internaute. « Les vagins béants, c’est vraiment pas le pied », confirme un autre, en écho. Au qualificatif étroit, c’est plutôt celui de serré qui est préféré : « Quand c’est plus serré, ça donne plus de plaisir », atteste l’un ; « je le sens quand je la pénètre et dans les va-et-vient. Un vagin serré est synonyme de plaisir », vérifie l’autre.

Deux bémols sont toutefois ajoutés à cette partition : « sur certaines positions, sans être particulièrement bien membré, avec une nana qui a le vagin serré, j’ai peur de lui faire mal », confie un internaute. « Avec un vagin serré, c’est plus dur de tenir », constate un quatrième débatteur.

Mais la rumeur vaginale, si l’on ose dire, décidément n’est pas tapageuse. Et pour cause : « Entre nous, explique un jeune, on ne se raconte pas trop si une fille est large ou étroite, parce que ça pourrait aussi vouloir dire que c’est le mec qui est mal monté. On ne va pas non plus tendre le bâton pour se faire battre »….

Zapping épidémiologique

Le sujet est bien tabou, y compris chez les femmes, comme le confirme une étude italienne réalisée en 2006 auprès de 9 441 femmes : 39% seulement ont déjà lu un article sur le sujet et 47% avouent n’avoir aucune idée de la taille de leur vagin.

Si la littérature avance quelques chiffres sur les dimensions moyennes (8 cm de profondeur au repos, 12 cm en cas d’excitation, 4 cm de large) les études insistent surtout sur l’élasticité et la contraction des muscles vaginaux, qui relèguent au second plan la question de la taille, pour laquelle on ne dispose pas de données épidémiologiques.

C’est donc, concluent-elles, non pas la taille du vagin qui va susciter chez l’homme la sensation d’étroitesse, ou de serrement, mais le relâchement ou la contraction de la musculature vaginale qui, après la pénétration, pourra priver de stimulation le gland du pénis, entraînant la perte d’érection et des difficultés pour atteindre l’éjaculation. Ce que les études appellent la sensation du vagin vide. Et c’est cette sensation qui alimente la rumeur d’une prime à l’étroitesse.

Zoom de l’expert

« En sexologie, on n’entend jamais les hommes s’exprimer sur une préférence pour telle ou telle taille de vagin, observe Nathalie Dessaux, psychothérapeute et sexologue. Comme c’est un espace creux qu’ils ne voient pas, les hommes ne verbalisent pas à son sujet. Un seul de mes patients m’en a parlé un jour, un médecin, qui me signalait l’effondrement de son périnée et la perte de sensation que cela provoquait, demandant une rééducation. En fait, il avait raison, c’est bien la tonicité musculaire du hamac qu’est le périnée, sa mise en tension qui va faciliter, ou compliquer la montée à l’orgasme, selon les cas. Quand il y a relâchement vaginal, ce qui peut survenir après un certain âge, plusieurs méthodes sont pratiquées pour solliciter les zones profondes des muscles périnéaux, ou les muscles pré-vaginaux. On peut aussi adapter les positions sexuelles. Certains couples vont alors préférer la sodomie, l’homme s’y sentant plus serré. Finalement, le sujet est peu évoqué mais il peut retentir fortement sur l’activité sexuelle. »
 

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Ch. D.

Source : lequotidiendumedecin.fr