Maladie de parkinson 

Menez l’enquête urinaire

Publié le 27/05/2011
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« LA MALADIE de Parkinson touche des patients à un âge où les troubles urinaires font généralement parler d’eux, chez les hommes en raison d’un adénome de la prostate et chez les femmes, en raison d’un possible prolapsus. Or ces troubles risquent fort d’être aggravés par la maladie de Parkinson et sa prise en charge médicamenteuse. C’est pourquoi il est impératif d’interroger systématiquement ces malades, même s’ils ne se plaignent pas spontanément de ces troubles, d’autant qu’ils sont susceptibles de majorer des risques de chutes nocturnes », a déclaré le Dr Marianne de Seze. Non seulement il faut leur demander s’ils ont remarqué des modifications dans leur vie de tous les jours, mais surtout, il ne faut pas hésiter à leur faire tenir un calendrier mictionnel pendant quelques jours, en y inscrivant ce qu’ils boivent (et combien, à quelle heure), quand ils vont uriner, si c’était un besoin urgent, s’ils ont du pousser, etc. En effet, certains patients ne se plaignent pas spécialement, mais à bien regarder leur calendrier mictionnel, on s’aperçoit que c’est au prix d’une restriction hydrique importante, par exemple ! Pour le Dr Maria Carmelita Scheiber-Nogueira, « ces troubles apparaissent volontiers dès les premières années d’évolution de la maladie, entrainant une gêne fonctionnelle conséquente au quotidien. Outre le retentissement psychologique, le risque d’infection ou de formation de calculs, devient même important en cas de rétention chronique des urines ».

Une prise en charge sur mesure.

Adapter les apports hydriques et les habitudes mictionnelles pour diminuer la gêne ressentie, autant que faire se peut, est indispensable avant de se précipiter sur une thérapie médicamenteuse. En effet, pour ces patients, toute la difficulté est d’arriver à améliorer la qualité du stockage vésical, de réduire le syndrome d’hyperactivité vésicale et d’améliorer la qualité de la vidange, mais sans faire appel à des molécules susceptibles de générer une addiction comportementale ou de retentir sur la maladie de Parkinson. C’est notamment le cas de certains anticholinergiques, susceptibles de franchir la barrière hématoencéphalique. On peut leur préférer des alternatives comme la neurostimulation tibiale postérieure transcutanée (NTTP), un traitement alphabloquant, une rééducation périnéale (en cas de trouble de continence d’effort ou d’urgences mictionnelles), voire un drainage artificiel des urines (intermittent ou nocturne) en cas de rétention urinaire chronique ; chez l’homme, un traitement réducteur de l’hypertrophie prostatique est envisageable. Au final, il n’y a pas de solution urologique unique et la prise en charge doit s’adapter au cas par cas.

Des plaintes sexuelles tout aussi problématiques.

A côté des troubles urinaires, fréquents, les dysfonctions sexuelles posent également un vrai problème aux parkinsoniens. « La diminution des performances sexuelles n’est pas la seule plainte des malades. L’hypersexualité, les comportements compulsifs et les paraphilies, qui touchent davantage les patients sous agonistes dopaminergiques, ont déjà conduit certains d’entre eux au pénal », a rappelé le Dr Scheiber-Nogueira. C’est dire s’il est important d’en tenir compte et d’anticiper un tel scénario catastrophe !

Or le caractère dose-dépendant du trouble a bien été confirmé par un travail mené à la Pitié Salpêtrière et présenté lors de ces Journées (1). De 2008 à 2010, 33 patients ayant des addictions comportementales ont été inclus et suivis sur ce point. Chez ceux ayant une évolution favorable après 12 mois, la diminution des doses d’agoniste s’est avéré être le facteur le plus important associé. Une donnée intéressante dont on pourrait tenir compte à l’avenir…

>Dr Nathalie Szapiro

D’après les communications orales des Drs Marianne de Seze (Bordeaux) et Maria Carmelita Scheiber-Nogueira (Lyon).

(1) Helke Hesekamp et coll. Evolution des troubles hyperdopaminergiques chez les patients parkinsoniens traités par des agonistes dopaminergiques.


Source : Le Quotidien du Médecin: 8972