Circoncision

Une opération pas si anodine

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Publié le 07/01/2019
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Crédit photo : Phanie

Aujourd’hui, selon l’OMS, 661 millions d’hommes sont circoncis, soit un tiers de la population mondiale masculine. Le taux de circoncision est élevé mais en baisse aux États-Unis (79 %), en Australie (59 %) et au Canada (48 %). En France, il est de 14 % dans la population masculine, et son incidence, en augmentation, de 21,75 %, les proportions les plus fortes se trouvant en région parisienne et dans le Nord.

Les chiffres sont toutefois difficiles à obtenir, car il existe trois situations : les posthectomies médicales, les posthectomies rituelles en centre de soins, et celles réalisées hors système de santé. 70 % sont pratiquées dans le privé, 80 % avant l’âge de 18 ans, essentiellement de 2 à 4 ans.

Différentes études ont montré que la circoncision permettait de prévenir les MST (VIH, papillomavirus, herpès) ainsi que les infections urinaires dans le cadre des uropathies. D’une façon générale, il y aurait dix fois moins d’infections urinaires chez les circoncis.

« En revanche, une posthectomie pour un phimosis peut sembler, dans de nombreux cas, non médicalement justifiée, selon le Pr Philippe Ravasse (Caen). En effet, un phimosis, à 3 ans, c’est normal. Il partira avec des décalottages répétés. L’adjonction d’une crème corticoïde pendant deux mois peut, au besoin, chez les grands enfants, faciliter la suppression des adhérences. Reste qu’une demande de circoncision à cet âge existe, d’ordre religieux, et que les médecins sont parfois mal à l’aise pour y répondre. » Mais ils ne peuvent l’ignorer… Sans doute faudrait-il des recommandations à ce sujet. 

Des complications possibles

L’utilisation des dispositifs mécaniques d’aide à la circoncision n’est pas recommandée. Les plus classiques sont les clamps Mogen, Gomco, ZSR (en Asie, Inde…) et le dispositif plastique Plastibell, surtout utilisé au Proche-Orient. Le respect de bonnes pratiques doit permettre d’éviter les complications immédiates (hémorragie pénienne, infections cutanées, nécrose du gland, amputation partielle ou totale) ou tardives (dermite ammoniacale, sténose du méat urétral, mauvaise cicatrisation, troubles sexuels ou encore psychologiques…). « Hors hôpital, le risque augmente lors des circoncisions rituelles ; le taux de complications est de l’ordre de 35 à 48 % », selon le Dr Christian Castagnola (Mougins). L’intervention peut en outre laisser un mauvais souvenir si elle est réalisée sous anesthésie locale, car le prépuce est très innervé. « L’essentiel de la douleur est lié à la libération brutale des adhérences, et le gland n’est pas rendu indolore par le bloc pénien », a souligné le Dr Bernard Boillot (Grenoble).

L’accord des deux parents

Comme l’a rappelé le Pr Christine Grapin-Dagorno (Paris), « aucun tribunal français ne s’est jamais prononcé contre la circoncision, aucun texte ne l’interdit. La circoncision rituelle est donc parfaitement reconnue par le droit français ». Cependant, la posthectomie doit obéir à certaines règles. Rituelle ou de convenance, elle nécessite le consentement des deux parents et de l’enfant, s’il est en âge de donner son avis. « Il faut rencontrer les deux parents ensemble, et leur faire signer un accord écrit », a insisté le Dr Didier Legeais (Grenoble). À défaut, la responsabilité solidaire du parent prenant seul la décision peut être engagée en cas de problème.


Source : Le Quotidien du médecin: 9713