Sexualité

Comment la médicalisation de la dysfonction érectile a changé la donne

Publié le 16/06/2017
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Dans le traitement de la dysfonction érectile (DE), il y a eu un avant et un après 1998. Les « injections intra-caverneuses pour tous » proposées à l’époque ont laissé la place au premier inhibiteur de la phosphodiestérase de type 5 (IPDE5), le sildénafil. D’autres ont suivi (tadalafil, vardénafil, avanafil). Comme avec la pilule, les pouvoirs publics, inquiets lors  de la commercialisation du Viagra, avaient constitué un groupe d’experts afin d’anticiper ses conséquences sur la sexualité masculine. Et, comme avec la pilule, il n’y a pas eu de modification radicale des comportements sexuels, même lorsque le tabou de la « pilule bleue » est tombé, cinq à dix ans après.

Démocratisation Néanmoins, un fait est certain, les IPDE5 ont permis la prolongation de la vie sexuelle avec une banalisation d’une sexualité active au-delà de 70 ans. « Il est évident que cette nouvelle solution facile d’emploi et sa démocratisation avec les années a eu un impact positif sur la sexualité masculine et… féminine, reconnaît le Dr Pierre Desvaux, andrologue et sexologue (hôpital Cochin, Paris). D’une part, chez l’homme de plus de 60 ans souffrant de pathologies diverses comme la dépression, le diabète et les maladies cardio-vasculaires où elle a permis de conserver et souvent même de retrouver une sexualité, mais aussi chez de nombreux hommes jeunes entre 25 et 30 ans. L’angoisse de l’échec est un motif fréquent de consultation et peut provoquer une DE en l’absence de dysfonction organique ».

Quant à savoir si l’obtention d’érections de bonne qualité grâce aux IPDE5 a pu entraîner davantage de comportements à risque, difficile de faire le lien. Quelques rares données montrent que les IST (VIH) sont à dépister aussi chez les plus de 50 ans, avec une augmentation entre 2003 et 2012 de la proportion des 50 ans et plus ayant découvert leur séropositivité au VIH (13 à 18%). « En pratique, on peut imaginer que cela ait pu avoir un impact sur les contaminations, avance prudemment le Dr Desvaux, tout simplement parce que cela permet d’entretenir une sexualité. Mais celle-ci n’est pas forcément plus débridée ! La grande majorité souhaite juste conserver une sexualité de couple. Les réseaux sociaux, utilisés par les seniors plus qu’on ne le pense, en facilitant la multiplication des partenaires ont probablement plus de responsabilité dans le phénomène des IST. Il est vrai néanmoins, que la génération des seniors actuelle n’a pas la culture du préservatif ».


Source : lequotidiendumedecin.fr