Vieillissement, comment la géroscience espère changer la donne

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Publié le 23/11/2023
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Basée sur l’idée que les mécanismes biologiques du vieillissement peuvent être modulés, la géroscience offre une approche inédite pour lutter contre les pathologies liées à l’âge. À terme, l'espoir est de pouvoir prévenir ces maladies en ciblant certains dysfonctionnements biologiques préalables.
géroscience

La géroscience est un nouveau concept dans la lutte contre les maladies liées à l’âge (maladies cardiovasculaires, diabète, démences, cancers…) qui permet d’agir en amont sur leurs mécanismes. « En effet, une grande majorité des maladies chroniques survenant au cours de l’avancée en âge font suite à des dysfonctionnements de mécanismes biologiques qui leur sont communs. Face à ce constat, la géroscience ouvre de nouvelles perspectives avec la recherche de molécules permettant d'agir sur les mécanismes fondamentaux du vieillissement qui pourraient ainsi retarder l’apparition des maladies chroniques et prolonger l’espérance de vie en bonne santé. La finalité n’est pas de vivre plus longtemps, mais mieux », résume le Pr Yves Rolland, gériatre au CHU de Toulouse, qui vient de publier, avec un groupe d’experts en géroscience, un travail explicitant tous les challenges de cette nouvelle discipline (1). L’expertise toulousaine est unique dans ce domaine en Europe et un IHU HealthAge, dédié à la prise en charge du vieillissement, a été créé au CHU.

La variabilité des dysfonctionnements des mécanismes biologiques du vieillissement d’un individu à l’autre se traduit par le fait que nous ne vieillissons pas tous au même rythme (âge biologique différent de l’âge chronologique). La pratique d’une activité physique et d’une alimentation saine a déjà montré ses bienfaits mais tout le monde n’est pas répondeur de la même façon. Les chercheurs espèrent approfondir leurs connaissances des marqueurs de l'âge afin d'identifier les populations pour lesquelles le phénomène de vieillissement est plus rapide et qui pourraient bénéficier d'interventions.

Une recherche active 

Parmi les exerkines, l’apeline a déjà été identifiée. « Au fur et à mesure que l’âge progresse, la production d’apeline en réponse à l’exercice diminue. L’apeline pourrait être utilisée à des fins thérapeutiques dans le domaine de la sarcopénie. Des résultats chez la souris ont montré qu’un traitement par cette hormone permet d’améliorer significativement les paramètres musculaires », explique le Pr Yves Rolland. Autre exemple, la metformine est actuellement testée pour ses effets bénéfiques sur le vieillissement. L’étude TAME (Targeting Aging with Metformin) a pour objectif de démontrer que la metformine peut, chez des sujets non diabétiques, ralentir le processus de vieillissement et prévenir l’émergence des maladies liées à l’âge. Un autre axe de recherche porte sur des sénolytiques qui pourraient aider à éliminer les cellules sénescentes.

Au-delà de la prévention des maladies liées à l'âge, ces découvertes pourraient aussi permettre d'envisager de les traiter une fois qu'elles se sont déclarées. 

D'après un entretien avec le Pr Yves Rolland (CHU de Toulouse)

(1) Challenges in Developing Geroscience Trials, Nature Communications, 19 août 2023. DOI : https://doi.org/10.1038/s41467-023-39786-7


Source : Le Quotidien du médecin