Nouveaux anticancéreux, des complications rhumatos pas si rares

Publié le 11/01/2019
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Les thérapies ciblées exposent à des complications musculo-squelettiques que les médecins de ville sont susceptibles de rencontrer, puisque ces traitements sont de plus en plus souvent ambulatoires.

Dans la pratique des oncologues, l’olaparib, inhibiteur de PARP indiqué dans les cancers de l’ovaire BRCA +, est responsable d’arthromyalgies chez un patient sur cinq. Leur traitement est symptomatique, par paracétamol ou AINS. L’association anti-BRAF/anti-MEK en provoque aussi chez 4 à 5 % des patients, selon la base internationale de pharmacovigilance Vigibase. Dans ce cas, les recommandations sont de diminuer la posologie du traitement. Les RCP précisent les paliers de réduction des doses. « Quand le cap est passé, il est possible d’augmenter la posologie », précise le Dr Marie Kostine (Bordeaux).

Un quart des patients recevant une immunothérapie par anti-PD1 arrêtent leur traitement en raison d’effets secondaires, notamment musculo-squelettiques. Ceux-ci peuvent prendre la forme d’une polyarthrite corticosensible. Devant un tableau aigu, brutal, la question se pose d’un éventuel arrêt de l’immunothérapie. « En dehors du cas particulier des myosites, qui peuvent mettre en cause le pronostic vital, j’aurais tendance à poursuive l’immunothérapie et à prescrire une corticothérapie, indique le Dr Kostine. C’est à discuter avec l’oncologue. »

Cependant, des données très récentes indiquent qu’une corticothérapie de 10 mg ou plus par jour en début d’immunothérapie diminue l’efficacité de cette dernière par rapport à une corticothérapie plus faible (Arbour KC. 2018). De plus, le suivi de patients ayant une maladie auto-immune préexistante confirme que les traitements immunosuppresseurs dans leur ensemble sont associés à une moins bonne réponse lors de l’instauration du traitement par anti-PD1 (Tison A., en cours de révision). « Ce n’est pas totalement démontré, mais il y a un bruit de fond très fort », a insisté le Pr Thierry Schaeverbeke (Bordeaux). Cela doit conduire à minimiser les traitements immunosuppresseurs dans les premières semaines, en privilégiant les infiltrations et les faibles doses. En revanche, après 10 ou 12 semaines, une fois l’immunité antitumorale installée, il semble possible de les prescrire sans crainte.

Dr Isabelle Leroy

Source : lequotidiendumedecin.fr