Gonarthrose, la SFR recadre les pratiques

Publié le 11/01/2019
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Pour la première fois, la SFR a publié des recommandations de prise en charge pharmacologique de la gonarthrose afin d’harmoniser les pratiques entre rhumatologues, généralistes, rééducateurs, orthopédistes et algologues.

Comme l’a précisé en préambule le Dr Jérémie Sellam (Paris), cinq principes généraux doivent orienter la prise en charge : une approche pharmacologique personnalisée, un objectif de traitement symptomatique et fonctionnel, un recours aux mesures non pharmacologiques, une réévaluation régulière (du fait de l’âge et des comorbidités des patients) et une interaction avec le patient en cas d’arthroplastie. Ce geste doit en effet être réservé aux atteintes structurales avérées responsables d’un handicap altérant la qualité de vie malgré un traitement médical (pharmacologique ou non) bien conduit.

Onze recommandations Concernant le traitement pharmacologique proprement dit, la SFR fait onze recommandations :

>Le paracétamol ne doit pas nécessairement être prescrit de manière systématique et/ou continue. Son efficacité est en effet faible, ce qui en fait un traitement symptomatique d’appoint mais pas de fond.

>Les AINS oraux doivent être utilisés pour la durée la plus courte et à la dose la plus faible possible. Ils peuvent être proposés en première intention en l’absence de contre-indication et de facteur de risque cardiovasculaire ou digestif. La prescription et le choix de l’AINS doivent tenir compte des comorbidités du patient qui doit être informé des effets indésirables. Ces médicaments sont efficaces sur la douleur et la fonction, en particulier en cas de poussée inflammatoire.

>Les AINS topiques peuvent être proposés en application sur le compartiment inflammatoire.

>Les opioïdes faibles, seuls ou en association au paracétamol, peuvent être proposés à visée antalgique. Ils doivent être prescrits en tenant compte des comorbidités et après information sur les effets indésirables.

>Les opioïdes forts doivent être réservés aux patients ayant une contre-indication à la chirurgie du genou, en cas d’échec ou de contre-indication aux autres traitements en tenant compte des comorbidités.

>Les injections intra-articulaires de corticoïdes peuvent être proposées, particulièrement en cas de poussée inflammatoire avec épanchement articulaire. Toute injection sera précédée d’une ponction évacuatrice.

>Malgré leur déremboursement, les injections intra-articulaires d’acide hyaluronique restent dans la course et peuvent être envisagées à visée fonctionnelle (effet lubrifiant) en cas de genou sans épanchement ou avec un épanchement minime, mais sans en attendre un effet chondroprotecteur. à court terme, les injections de corticoïdes semblent plus efficaces, alors que l’acide hyaluronique trouve sa place à plus long terme.

>De même, les anti-arthrosiques symptomatiques d’action lente (insaponifiables d’avocat et de soja, chondroïtine, glucosamine, diacéréine) peuvent être proposés à visée symptomatique, sans en attendre un effet chondroprotecteur.

>La capsaïcine topique faiblement dosée peut être envisagée. Elle entraîne dans 35 à 100 % des cas des effets secondaires locaux à type de brûlures légères.

>Les experts n’ont pas statué sur l’intérêt des injections intra-articulaires de concentrés plaquettaires du fait du manque de recul et de données.

>Enfin, certains médicaments ont été qualifiés de non appropriés au traitement de la gonarthrose par le groupe de travail : bisphosphonates, vitamine D, gabapentine, prégabaline, méthotrexate, anti-TNF.

Dr Isabelle Catala

Source : lequotidiendumedecin.fr