Switch anti-TNF

La spirale de l’échec ?

Publié le 07/12/2015
Article réservé aux abonnés

Pour les spondyloarthrites axiales en échec des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), nous ne disposons pour le moment que des anti-TNF. Il est bien connu que le « switch » est utile chez nombre de patients même si l’on sait également que la proportion de répondeurs et la durée du maintien thérapeutique diminuent au fur et à mesure que l’on avance dans les switchs d’anti-TNF. Les auteurs d’une étude présentée à l’ACR se sont posé la question de savoir si la raison d’arrêt du premier anti-TNF influençait l’efficacité du deuxième, ce qui pourrait éventuellement guider nos choix lorsque d’autres familles thérapeutiques seront disponibles.

L’analyse a porté sur les 639 patients de la cohorte suisse débutant un deuxième anti-TNF. Parmi eux, 147  patients avaient interrompu le premier anti TNF pour échec primaire (arrêt dans les six premiers mois), 269 pour échec secondaire (au-delà de six mois), 132 pour effets secondaires et 91 pour d’autres raisons. Lorsque l’on compare ces quatre groupes en terme de maintien thérapeutique du deuxième anti-TNF, il apparaît que c’est le groupe « échec primaire » qui a le plus mauvais taux de maintien : médiane de 1,06 année de maintien contre 3,3 pour l’échec secondaire. Cette différence est présente dans les deux sous-groupes (forme radiographique et non radiographique) ; notons cependant que dans cette comparaison entre ces 2 sous groupes, le maintien dans le groupe « arrêt pour effet secondaire » ne diffère plus de celui du groupe « échec primaire ». En analyse multivariée de recherche de facteurs associés à l’arrêt du deuxième anti-TNF, seul « l’échec primaire » est significativement lié à l’arrêt. La réponse thérapeutique obtenue et son intensité sont aussi inférieures dans le groupe « échec primaire » par comparaison au groupe « échec secondaire ». Au total, ces données suggèrent que l’arrêt d’un premier anti-TNF dans les six premiers mois diminue nettement les chances de réponse et de maintien durable d’un deuxième anti-TNF, ce qui pourrait nous inciter à changer de mécanisme d’action : rappelons cependant que pour le moment ce switch pour un deuxième anti-TNF reste notre seule solution…

Ciurea A et al. Abstract 976
Pr Pascal Claudepierre

Source : Congrès spécialiste