Ne pas baisser les bras ! Pour l’instant, certains essais cliniques menés dans la télésurveillance des insuffisants cardiaques ne montrent pas de diminution de la mortalité ni de la morbidité évaluée en taux de ré-hospitalisation. C’est surprenant car la télémédecine est un excellent mode de suivi de cette affection. « Dans les essais analysés, Les populations de patients sont disparates » constate le Dr S Anker co-auteur d’une étude sur deux essais cliniques prospectifs ne montrant pas de bénéfice de la télémédecine dans l’insuffisance cardiaque (1) « les médecins doivent réfléchir et ne pas avoir la même approche pour tous les patients. Il faut reprendre le travail à zéro et commencer par définir le profil des patients qui peuvent bénéficier de cette surveillance à distance. Nous restons optimistes sur l’efficacité de cette prise en charge » conclut-il.
Pendant que l’évaluation se poursuit, les cardiologues mènent d’autres batailles notamment celle de l’éducation thérapeutique. « Grâce à l’utilisation du dispositif SCAD (Suivi Clinique À Domicile) mis en place par le service de cardiologie du CHU de Caen, tous les patients de Basse-Normandie ont reçu la même éducation » déclare de Dr Annette Belin. L’appareil comprend un écran tactile avec un téléphone intégré. L’écran s’allume chaque matin et invite le patient à répondre à un questionnaire. Qu’avez-vous mangé hier ? Avez-vous des œdèmes ? Avez-vous pris du poids ? En fonction des réponses, l’appareil affiche des messages de félicitations ou d’alerte et de conseil, pour rappeler par exemple que certaines eaux gazeuses sont riches en sel. Les réponses sont consultées à distance par une infirmière. En cas de besoin, si le patient signale un essoufflement ou autre symptôme en rapport avec la maladie, l’information apparaît en couleur sur l’ordinateur de contrôle de l’infirmière. Elle lui téléphone ou contacte son médecin traitant. « Une étude randomisée est en cours pour voir si ce dispositif diminue le nombre de ré-hospitalisation. De toute façon il a déjà l’énorme avantage d’éduquer de la même façon un grand nombre de patients » souligne cette spécialiste « et cet enseignement est fondamental dans la prise en charge de cette affection. » Il repose sur le programme I-CARE (Insuffisance CArdiaque : éducation théRapeutiquE) mis au point par le Pr Yves Juillière du CHU de Nancy. « La Société Française de cardiologie va éditer prochainement un guide des bonnes pratiques de télémédecine pour homogénéiser les pratiques dans cette affection. »
(*) D’après un entretien avec le Dr Annette Belin, cardiologue au CHU de Caen
(1) Anker SD et al. Lancet 2011, 20 août ; 378 (9792) : 731-9.
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