L’ancienne ministre de la santé, Elisabeth Hubert porte toujours un regard aiguisé et sans concession sur le système de santé français. « Il faut bien reconnaître que notre système de soin ressemble à une boîte à outils dans laquelle tout aurait été mélangé. Nous disposons de tous les outils nécessaires mais nous sommes en situation de totale déperdition », constate la présidente de la Fédération nationale des établissements d’hospitalisation à domicile. « Aujourd’hui, la priorité est de remettre tous ces outils (hôpital, soins primaires, hospitalisation à domicile, chirurgie ambulatoire…) dans le bon ordre pour qu’ils soient dans une logique d’efficience et avec la volonté commune de se mettre au service du malade au bon moment. C’est dans cette logique que doit s’inscrire le développement de la télémédecine si on veut qu’elle soit un outil d’amélioration de la continuité des soins primaires », poursuit Elisabeth Hubert.
Dans son rapport sur la médecine de proximité, remis en novembre 2010 au président de la République, Elisabeth Hubert soulignait toute l’importance de la télémédecine en soulignant qu’elle était « un formidable outil d’appui à l’organisation territoriale de l’offre de soins. « Ce type d’organisation rend non seulement plus attractif l’exercice en zone déficitaire, en apportant la collégialité et la sécurité tant sollicitées par les jeunes générations mais il est également de
nature à révolutionner la définition du concept « déficitaire en offre de soins » et donc à influer sur l’appréciation en besoins de professionnels de santé par les ARS », notait le rapport.
Dans ce document, Elisabeth Hubert soulignait l’ampleur de la tâche à accomplir, avec un regard parfois critique. « Seuls 40 à 60 % des médecins ont recours à un dossier patient informatisé et très peu disposent d’un dossier réellement ouvert, communicant et utilisant une application moderne.
De nombreuses critiques
L’usage de l’équipement informatique – en fait essentiellement utilisé pour la télétransmission et la gestion du cabinet – à des fins médicales n’est donc pas aujourd’hui une réalité », notait le rapport. « Les professionnels libéraux utilisent en fait ces équipements au minimum des possibilités, ce qui
les rend peu crédibles au regard des autres professionnels et des pouvoirs publics », ajoutait-t-il.
Elisabeth Hubert dénonçait aussi les « retards importants dans le calendrier de mise en œuvre du DMP, qui nuisent à crédibilité du dispositif », tout en jugeant « inacceptable le cloisonnement des systèmes d’information des systèmes d’informations ville : hôpital »
Mais la critique la plus marquante concernait l’absence d’interopérabilité au sein des systèmes d’information de santé. « Un handicap majeur » écrivait alors Elisabeth Hubert qui, aujourd’hui, n’a pas le sentiment qu’ont ait beaucoup progressé dans ce domaine. « La télémédecine ne pourra se développer avec efficience qu’à la condition que les systèmes d’information puissent permettre aux différents acteurs de notre système de santé de communiquer les uns avec les autres. Or, il suffit d’aller sur le terrain pour se rendre compte qu’on est loin encore loin du compte. Aujourd’hui, l’état d’esprit a changé dans les hôpitaux. Tout le monde a compris la nécessité de communiquer avers les généralistes. Mais cela ne suit pas au niveau des outils mis en place. Le cas des maisons de santé est assez emblématique. Dans de nombreux endroits, on a laissé développé et financé des systèmes d’informations qui ne sont pas inter-opérables. Dans certaines maisons de santé, ces systèmes restent inaccessibles aux infirmières ou aux kinés. C’est quand même une situation aberrante », estime la présidente de la Fnehad.
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