Syndrome d’apnées obstructives du sommeil

Mieux diagnostiquer chez l’enfant

Publié le 22/10/2015
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La première cause des troubles respiratoires nocturnes chez l’enfant est l’hypertrophie des amygdales et des végétations. La prévalence d’un syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) est maximale aux âges préscolaires entre 3 et 6 ans, surtout chez les enfants obèses. Le diagnostic est clinique (signes d’appel nocturnes et diurnes) documenté par une polysomnographie. Une étude (1) vient de montrer qu’il était tout à fait possible de réaliser cet examen en ambulatoire, chez des enfants âgés de 5 à 12 ans. Cette technique s’est révélée satisfaisante chez plus de 91 % des enfants. De réalisation plus simple, la polygraphie respiratoire à domicile permet également d’obtenir un diagnostic fiable d’apnées du sommeil. Une application mobile sur un smartphone qui permet de détecter l’apnée du sommeil a aussi été testée avec succès chez les enfants (2).

La caféine est généralement prescrite dans le traitement de l’apnée du nouveau-né, particulièrement en cas de naissance prématurée. Son mécanisme d’action est lié à son effet stimulant sur le système nerveux central et le centre respiratoire. Ces effets à long terme sur les apnées plus tardives chez l’enfant ont été analysés dans une étude contrôlée randomisée (3) chez des enfants ex-prématurés âgés de 5-12 ans. Les résultats ne montrent pas de différence significative : 8,2 % des enfants du groupe ayant reçu de la caféine présentent des apnées versus 11 % dans le groupe placebo (p = 0,22).

Adéno-amygdalectomie : qui et quand

L’amygdalectomie, le plus souvent couplée à une adénoïdectomie, est le traitement de référence du SAOS de l’enfant. La question qui est de savoir quels enfants traiter n’est pas totalement résolue. Une étude multicentrique randomisée Childhood Adenotonsillectomy Trial (CHAT) menée chez 464 enfants âgés de 5- 9 ans ayant un SAOS (AHI ≥2), à l’exclusion des formes sévères, a évalué l’efficacité du traitement chirurgical immédiat comparé à une solution d’attente à sept mois. Les résultats ont montré les bénéfices d’une intervention précoce sur la qualité de vie et la réduction des symptômes : 79 % des enfants du groupe intervention précoce ont présenté une normalisation des paramètres de la polysomnographie versus 46 % des enfants du groupe contrôle. En revanche, l’équipe de Katz a constaté qu’à sept mois, les enfants ayant subi une chirurgie précoce ont eu un gain de poids moyen plus rapide que les enfants du groupe témoin. Il s’agit d’une petite différence, mais pour les enfants qui étaient déjà en surpoids avant la chirurgie, l’impact sur la prise de pois est très net, avec un risque d’obésité. L’apnée du sommeil provoque des changements métaboliques et cette étude suggère qu’ils sont au moins partiellement réversibles après la chirurgie. Il faut donc veiller à surveiller le poids, à prodiguer des conseils nutritionnels et à conseiller une activité physique après une intervention chirurgicale chez les enfants.

Troubles de l’attention

En ce qui concerne les conséquences du SAOS sur la vie quotidienne, il a été montré (4) que des enfants récemment diagnostiqués et non traités présentaient plus de risque pour des accidents en tant que piétons (impulsivité, moins d’attention). Les enfants d’âge préscolaire ayant des troubles respiratoires du sommeil ne présentent pas de troubles cognitifs. En revanche, les enfants d’âge scolaire ont des troubles de l’attention.

Enfin, les adolescents obèses ayant un SAOS souffrent également plus de dépression et présentent des troubles de l’attention, indépendamment du traitement, significativement supérieurs aux adolescents obèses ou maigres des groupes contrôles (5).

D’après la communication de R Hamutchu Ersu : Sleep-disordered breathing in childhood

(1) Marcus CL. Journal of clinical Sleep Med. 2014

(2) Garde A. PLOS One 2014

(3) Marcus CL. AJRCCM 2014

(4) Avis KT J. Pediatr 2014

(5) Biggs SN. Sleep 2014

Christine Fallet

Source : Le Quotidien du Médecin: 9443