La prévalence de la fibromyalgie (FM) est plus élevée chez les patients atteints de pathologies chroniques et en particulier celles qui sont douloureuses. Ainsi sa prévalence passe de 2 à 5 % en population générale à 10 à 30 % en cas de spondyloarthrite (SpA), de Syndrome de Sjögren, de PR… concomitantes. Sa survenue pourrait être favorisée par la stimulation perpétuelle des circuits de la douleur.
L’importance de la douleur et du handicap rapportés par les personnes atteintes de FM complique grandement l’évaluation de l’efficacité thérapeutique, basée essentiellement sur des mesures rapportées par les patients. Ils risquent alors d’être étiquetés comme réfractaires au traitement et d’avoir leur traitement inutilement modifié.
Une réponse BASDAI50 moins fréquente en cas de FM
Le but de l’étude présentée à la SFR est donc d’évaluer l’impact de la coexistence d’une FM sur l’évaluation de l’efficacité des traitements dans l’axSpA. Cette étude observationnelle multicentrique française a inclus 508 patients (dont 47 % de femmes) parmi lesquels 38 % étaient atteints de FM, authentifiée par le score FIRST ≥ 5/6 et les critères ACR. Après trois mois sous anti-TNF, l’efficacité thérapeutique était évaluée sur le BASDAI50. On constate que les patients atteints de FM ont moins souvent une réponse BASAI50 qu’en l’absence de FM (45 % vs 54 %), un chiffre qui n’est cependant pas significatif. « Une des conclusions de notre travail, c’est que dans la SpA, très souvent l’évaluation de l’efficacité du traitement est biaisée car les patients atteints de FM ont tendance à rapporter des scores de douleurs plus élevés que les autres. Il ne s’agit pas d’un manque d’effet thérapeutique, puisqu’on sait que les paramètres objectifs comme la CRP sont améliorés par le traitement, mais plutôt d’un problème d’interprétation de l’efficacité du traitement », insiste le Dr Molto (hôpital Cochin, Paris). Ces patients sont améliorés par les anti-TNF, ils vont mieux, mais ne se disent jamais « bien ». Il faut leur expliquer avant de débuter le traitement, et les praticiens doivent toujours garder à l’esprit que si on peut espérer une rémission chez une personne atteinte de SpA sans FM, on ne l’obtiendra vraisemblablement pas en cas de FM associée, les outils qui nous permettent actuellement de définir la rémission étant basée sur le vécu du patient. C’est encore plus vrai dans la SpA que dans la PR où l’évaluation repose plus sur des critères objectifs. « Il est donc indispensable avant la prescription d’anti-TNF de faire un screening systématique de la FM car les objectifs recherchés seront différents. Sinon ces patients seront exposés à des switch thérapeutiques multiples sous prétexte d’inefficacité thérapeutique, et une étude avait déjà montré qu’ils changent plus souvent d’anti-TNF que les autres personnes atteintes de SpA » conclut la rhumatologue.
D’après un entretien avec le Dr Anna Molto, hôpital Cochin (Paris)
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