Vers une délégation de prescription aux ergothérapeutes

Comment faire travailler au mieux les ergothérapeutes et les médecins ? Cette question est au cœur d’une réflexion menée depuis quelques années au Centre de médecine physique et réadaptation de Lay-Saint-Christophe (Institut régional de médecine physique et de réadaptation de Nancy). Cela n’est donc pas un hasard si c’est dans ce centre que devrait être lancé en 2018 un protocole inédit de délégation de prescription de fauteuils roulants aux ergothérapeutes. «  Nous avons ici des ergothérapeutes extrêmement compétents dans l’évaluation et la préconisation des fauteuils roulants. C’est la raison pour laquelle nous avons saisi l’opportunité de mettre en place ce protocole expérimental. Élaboré durant deux ans, ce protocole a été établi en collaboration avec l’Agence régionale de santé Grand Est puis transmis pour validation, à la Haute Autorité de santé (HAS). Nous espérons obtenir l’accord de la HAS pour la fin de l’année de façon à démarrer au premier trimestre 2018 », souligne le Dr Le Chapelain.

Des critères stricts d'inclusion

Cette délégation de prescription concernera des patients atteints de maladies neurologiques. « Ici, nous recevons des patients hémiplégiques, des scléroses en plaques, des paraplégies ou des tétraplégies, des séquelles de traumatismes crâniens, des maladies de Parkinson et des scléroses latérales amyotrophiques qui peuvent être pris en charge en rééducation ou nous être adressés spécifiquement pour une prescription de dispositifs pour personnes handicapées », indique le Dr Le Chapelain, en ajoutant que des critères très stricts d’inclusion et d’exclusion du protocole ont été définis.

« En cas de problèmes médicaux intercurrents complexes, les patients seront orientés vers une consultation classique avec un binôme médecin MPR et ergothérapeute. Sinon, le patient sera vu seulement par l’ergothérapeute qui pourra faire la prescription de fauteuil ».

Des délais décents

Cette délégation d’actes permettra de valoriser les compétences des ergothérapeutes mais aussi de dégager du temps médical pour les praticiens. « Cela nous permettra de nous consacrer à des tâches qui sont davantage dans notre cœur de métier. De cette manière, nous espérons aussi améliorer nos délais de consultations », indique le Dr Le Chapelain.

« Dans des centres spécialisés comme le nôtre, il est essentiel de pouvoir répondre dans un délai décent à des demandes de compensations techniques. Quand un patient a besoin d’un fauteuil roulant, il n’est pas possible de le faire attendre six mois. Et comme nous sommes très sollicités, ce protocole de délégation devrait permettre de répondre de manière plus optimale à ce besoin de santé publique », indique Guillaume Pelé, ergothérapeute et cadre de santé.

Il ajoute que la formation des ergothérapeutes leur donne toutes les compétences initiales nécessaires pour réaliser ces prescriptions. « La préconisation de ces aides-techniques fait partie du cœur de métier des ergothérapeutes. Néanmoins, un autre point important concerne les compétences expertales, c’est-à-dire l’expérience acquise par l’ergothérapeute dans la structure et les modes de pratiques au quotidien », souligne Guillaume Pelé.

D’après un entretien avec Dr Loic Le Chapelain (médecine physique et réadaptation) et Guillaume Pelé, ergothérapeute et cadre de santé, au Centre de médecine physique et réadaptation Lay-Saint-Christophe (Nancy)