Se former à l'intelligence artificielle

Publié le 09/04/2021
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Jusqu’à il y a peu, on n’apprenait pas cela sur les bancs des facs de médecine. Les formations à l’IA sont récentes, à Paris ou en province, mais elles affichent complet et attirent en particulier les médecins des disciplines qui seront les premières impactées.

Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

L’intelligence artificielle se développe de plus en plus et pénètre la plupart des secteurs, notamment celui de la santé. Entre les prothèses intelligentes, la chirurgie assistée par ordinateur, l’e-santé ou l’émergence de la médecine prédictive, elle n’a pas fini de se faire une place de choix, quitte à devenir une vraie spécialité. C’est un vrai plus dans la formation des médecins. Et plusieurs diplômes sont proposés afin de s’y former de la façon la plus complète possible.

Suivre un cursus à Paris…

Parmi les propositions possibles, il y a notamment le DU « IA appliquée en santé » de la faculté de médecine de Cochin lancé en janvier 2020 : fusion des diplômes de Paris Descartes et Diderot), il leur donne une meilleure visibilité à l’international. Dispensé en formation continue, ce DU s’adresse en particulier à trois types de publics : des acteurs de santé (médicaux, paramédicaux), des profils ayant une formation plus « technique » (ingénieurs, data scientist), et des professionnels investis dans les problématiques de l’IA en santé (droit, éthique ou encore entrepreneuriat). Peuvent également candidater des étudiants en fin de cursus.

Parmi les médecins se présentant à cette formation, une majorité vient de spécialités comme la radiologie, la génétique, la cardiologie, ou encore l’ophtalmologie. La promotion essaie de représenter un tiers de chacun de ces secteurs. Le cœur de cette formation repose sur l’interdisciplinarité, d’où la recherche de profils riches lors des admissions pour enrichir les échanges et expériences. Les cours sont également dispensés par des spécialistes, dans des modules variés comme la télémédecine, l’imagerie (utiliser l’IA pour analyser les images et vidéos) ou encore la veille sanitaire (comment l’IA peut améliorer la pharmacovigilance et la pharmacoépidémiologie), en essayant de proposer des approches à la fois éthique et technique.

S’agissant du contrôle des connaissances, un QCM a lieu à l’issue de chaque module. Diverses compétences sont visées, telles que la capacité à utiliser les technologies de l’information et de la communication, à comprendre l’environnement légal et réglementaire de l’IA, à savoir établir les étapes d’un projet de développement d’une solution d’IA en santé et à soulever les questions éthiques s’y rattachant. La formation a lieu de janvier à juin. Concernant l’insertion professionnelle, cela permet d’accéder à des postes d’ingénieur de recherches, ingénieur d’études, chargé d’études, de travailler aussi bien dans des cliniques que des startups spécialisées.

200 candidatures environ sont examinées par an, la promotion ne retenant qu’environ 30 personnes (un peu plus cette année de par le distanciel mis en place avec la crise sanitaire). Pour candidater, il faut envoyer un CV ainsi qu’une lettre de motivation, avant d’être convoqué à un oral devant un jury. Les frais de scolarité s’élèvent à 1 500 euros.

… ou s’inscrire dans une fac en région

Cette formation n’est désormais plus la seule proposée, d’autres DU ont ouvert un peu partout en France. C’est le cas du DU « Intelligence Artificielle Santé » de l’Université de Bourgogne, à Dijon. Cette formation est mise en œuvre par l’Unité mixte de développement professionnel continu en santé (UMDPCS) en partenariat avec le CESI École d’ingénieurs, le CHU Dijon Bourgogne, le Centre Georges François Leclerc et le Pôle BFCare. Les objectifs sont similaires à la formation parisienne : à savoir, comprendre les enjeux et les freins de l’IA en santé, appréhender les multiples aspects de l’IA dans la pratique (éthique, organisationnel, économique) et être en mesure de concevoir et coordonner un projet d’IA (imagerie, parcours de soins, rééducation, développement d’un médicament…).

Là encore, le public accueilli est diversifié : professionnels de santé (radiologues, biologistes, anatomo-pathologistes), cadres et ingénieurs en industrie, ou encore doctorants. L’organisation pédagogique repose sur 80 heures d’enseignements dispensées sur une année universitaire (en distanciel et présentiel selon la situation sanitaire actuelle). Les modules portent sur les enseignements relatifs à la robotisation, l’imagerie médicale, l’analyse de données des patients. Une épreuve écrite ainsi que la présentation orale d’un projet sont nécessaires pour valider cette formation.

 

 

Elisa Bellu 2.13.0.0
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Source : Le Quotidien du médecin