500 000 actes de téléconsultation prévus en 2019

Publié le 11/01/2019
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2019 devrait être l’année de la télémédecine. L’Assurance maladie table sur 500 000 consultations à distance remboursées cette année et sur 1,3 million d’ici à 2021. Mais tout est-il prêt ?
Teleconsult

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Crédit photo : SPL/PHANIE

La télémédecine devrait prendre son envol en 2019, si l’on en croit l’Assurance maladie. Après la publication le 15 septembre dernier des modalités de remboursement des consultations médicales par visio-conférence et la signature le 6 décembre 2018 d’un avenant encadrant la téléconsultation dans les officines de pharmacie, la Cnam prévoit de prendre en charge 500 000 téléconsultations cette année et 1,3 million en 2021.

Interrogée sur la nature des actes éligibles, la Haute autorité de santé a rendu un avis estimant qu'« il n’a pas été possible d’identifier a priori des situations cliniques à exclure de la téléconsultation ou de la télé-expertise ».

« C’est au médecin, en fonction de données qui lui sont propres, de décider s’il estime ou non que l’acte médical pour lequel il est sollicité peut être réalisé en téléconsultation, a expliqué le Dr Jacques Lucas, vice-président et délégué général au numérique du Conseil national de l’Ordre des médecins lors du 11e congrès de la Société française de télémédecine (SFT), à Paris. Il n’est pas nécessaire de changer les textes de droit – y compris le code de déontologie –, il convient simplement de les réinterpréter à l’heure du numérique. »

Attention aux centres virtuels

Va-t-on assister à une “ubérisation” des soins, le remboursement de la télé-consultation ayant donné lieu au développement de sociétés spécialisées à visée purement commerciale ?

Selon le Dr Yann Maël Le Douarin, conseiller médical télémédecine à la DGOS (ministère de la Santé), « les centres de santé purement digitaux n’ont pas leur place dans le dispositif de soins ». Le Dr Jacques Lucas a lui aussi relevé le « problème » posé par les « centres de santé virtuels ». Il rappelle que la télémédecine doit respecter le parcours, la continuité et la permanence des soins.

Il estime néanmoins que ce nouveau type de médecine va « rentrer rapidement dans la pratique. Et pour cela, il faut faire confiance aux patients et aux professionnels ».
Une enquête menée auprès de 8 050 assurés et dévoilée lors du congrès de la SFT a justement été l’occasion de mesurer l’intérêt des patients pour la télémédecine. 51 % des sondés seraient prêts à l’utiliser pour eux-mêmes, mais seulement 18,6 % pour leurs ascendants et 17,3 % pour leurs enfants.

Parmi les besoins auxquels la téléconsultation pourrait répondre, les personnes interrogées placent au premier plan le renouvellement d’ordonnance (89,6 % des répondants avec leur médecin attitré, 57,8 % avec un autre généraliste). La possibilité d’obtenir un conseil médical vient en deuxième ligne. Encore une fois, le généraliste est privilégié (oui pour 89,6 % des sondés avec leur médecin de famille contre 57,8 % avec un autre omnipraticien).

En Île-de-France, une appli facilite la télé-expertise par un dermatologue

Comment pallier l’augmentation de l’incidence des cancers cutanés, le vieillissement de la population et la baisse de la démographie médicale qui impacte l’accès à un dermatologue et peut aggraver le pronostic des cancers cutanés du fait d’un retard de prise en charge ? L’ARS Île-de-France s’est alliée en 2017 au réseau de télémédecine Ortif, en vue de permettre aux dermatologues de réaliser une télé-expertise à destination des généralistes (transferts cryptés et traçables) via une application spécifiquement développée pour smartphone. Dix dermatologues libéraux ont accepté de recevoir de la part de généralistes libéraux les photos de lésions suspectes de cancer cutané associées à un court télé-dossier. Le but de cet échange ? Déterminer si un rendez-vous rapide doit être proposé pour un traitement médical ou une biopsie exérèse.

Délais raccourcis Pendant les 11 premiers mois de l’expérience pilote, 33 médecins généralistes ont transmis 98 demandes à des dermatologues. Au total, 41 lésions cancéreuses ou précancéreuses ont été diagnostiquées : 4 mélanomes, 6 carcinomes épidermoïdes, 13 carcinomes basocellulaires, un cancer du sein atteignant la peau par contiguïté et 17 lésions précancéreuses. Les 57 autres plaies étaient bénignes. Pour les rendez-vous avec les dermatologues référents, l'attente a pu passer en moyenne de 3 mois à 1,55 jours. Le délai de la chirurgie d’exérèse s'est aussi réduit, passant à 4-5 jours pour les mélanomes.

 

Isabelle Catala

Source : lequotidiendumedecin.fr