Les téléconsultations par téléphone ne sont plus remboursées, au grand dam des médecins

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Publié le 20/07/2020
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Crédit photo : GARO/PHANIE

La levée de l'état d'urgence sanitaire, le 10 juillet, a entraîné la disparition de certaines mesures dérogatoires adoptées pour faire face à l'épidémie de coronavirus. L'une d'entre elles, autorisait les médecins, si cela s'avérait nécessaire, à réaliser des téléconsultations par téléphone. Un décret du 21 avril permettait, « compte tenu de l'état d'urgence sanitaire pour faire face à l'épidémie de Covid-19 », la prise en charge des actes de téléconsultation « réalisés par téléphone pour les personnes résidant dans les zones blanches ou ne disposant pas du matériel nécessaire à la réalisation d'une vidéotransmission et relevant d'une des quatre situations suivantes : présentant les symptômes de l'infection ou étant reconnu atteint du Covid-19, étant âgé de 70 ans ou plus ou étant atteint d'une affection de longue durée (ALD) ou s'il s'agit d'une femme enceinte. »

La loi du 9 juillet organisant la sortie de l'état d'urgence sanitaire a donc mis fin aux téléconsultations par téléphone cotées TCG (25 euros, comme les téléconsultations par visioconférence), que les médecins généralistes ont pu réaliser ces douze dernières semaines. Ce nouvel outil a été particulièrement apprécié par la profession, en évitant des déplacements inutiles de patients au cabinet à un moment où le risque contagieux était important.

Une « suppression unilatérale »

La Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) regrette cette suppression, prise selon elle de « manière unilatérale ». « Le cœur de l'exercice médical doit rester la consultation présentielle, explique le président de la CSMF, le Dr Jean-Paul Ortiz. Pour autant, la téléconsultation est une alternative, particulièrement dans une période de crise, et la consultation par téléphone est particulièrement utile si le patient vit dans une zone blanche ou s'il n'a pas l'équipement numérique. »

La CSMF observe que les téléconsultations par téléphone ont permis d'assurer efficacement le suivi des patients Covid et Covid +, de prescrire des tests virologiques ou d'éventuelles prescriptions médicamenteuses… mais aussi et surtout de diminuer les passages aux urgences déjà particulièrement occupées.

La CSMF souhaite aborder le sujet de la téléconsultation par téléphone avec l'Assurance maladie lorsque sera revu l'avenant 6 qui cadre les actes de télémédecine. « Il est possible de limiter le cadre très précis de l'usage des consultations par téléphone, d'en caper le nombre pour éviter des dérives (avec un pourcentage du nombre total de consultations à ne pas excéder) et de discuter de son montant », précise le Dr Ortiz.

Un sujet pour les prochaines négos

MG France est également sensible à ce sujet. « La téléconsultation par téléphone a été plébiscitée par les médecins qui y ont eu recours », plaide le Dr Margot Bayart, vice-présidente du syndicat, qui entend défendre ce « moyen de communication universel » lors des prochaines négociations conventionnelles. « Il aurait été intéressant de connaître le nombre de téléconsultations qui ont démarré en visio et se sont terminées au téléphone », ironise la généraliste qui exerce à Réalmont (Tarn), dans une zone pas couverte.

Lors d'un récent débat organisé pendant le Congrès de la médecine générale France (CMGF 2020), Nicolas Revel, alors directeur général de la Cnam (depuis à Matignon), avait émis des réserves sur la téléconsultation par téléphone, estimant que la prolongation de la dérogation n'allait « pas de soi » et qu'il faudrait poser des prérequis à cet acte. « Quand on est sur un simple échange téléphonique, où commence la consultation en bonne et due forme ? Quand sort-on du conseil ou de l'accompagnement ? », s'interrogeait-il alors. 

Son successeur, Thomas Fatome (dont la nomination doit être confirmée, dans les prochains jours) sera-t-il sur la même longueur d'onde ?


Source : lequotidiendumedecin.fr