Rémunération

ROSP, dernier bilan avant remaniement

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Publié le 28/04/2017
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Les chiffres de la ROSP 2016 sont tombés en début de semaine. Ils sont satisfaisants sur cinq ans, sauf sur la santé publique. Mais la dynamique s'essouffle un peu en fin de période. Inventaire par catégories et résultats financiers de la rémunération sur objectifs alors que la nouvelle version entre en vigueur.
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Crédit photo : BURGER/PHANIE

Il était temps de changer le moteur, car la machine ROSP s'essouffle un peu… Alors que les généralistes toucheront une « rémunération sur objectifs de santé publique » remaniée en 2017, les chiffres de 2016 montrent un ralentissement de la dynamique. Si la rémunération moyenne versée aux généralistes au titre de 2016 poursuit sa hausse (+3,4 %) avec une enveloppe annuelle de 6 983 euros, cette progression ralentit pour la première fois depuis la mise en place du dispositif. En comparaison, elle était de 7,9 % en 2015.

Au total, la ROSP a néanmoins coûté à l'assurance maladie l'an passé la somme de 416,6 millions d'euros, avec une augmentation moyenne non négligeable de 9,1 % par an depuis 2012 (294,4 millions). Et cela fait des envieux. Le syndicat des jeunes généralistes, Reagjir, a réclamé de nouveau son extension aux remplaçants. Alors que la CSMF demande que davantage de spécialités puissent en bénéficier…

Cinq ans après la mise en place de cette rémunération, l'heure est aussi au bilan technique. Avec un constat de base : le solde global de la ROSP reste positif. Depuis 2012, le taux d'atteinte des objectifs pour les médecins généralistes est en effet passé
de 53 % à 70,3 % en 2016.

En 2016 et comme les autres années, c'est le volet organisation du cabinet qui connaît la plus nette progression. Le taux d'atteinte passe de 63,3 % à 86,3 % (+23 pt) entre 2012 et l'an dernier. La ROSP a permis sur ce point d'améliorer l'équipement des médecins, notamment en logiciels d'aide à la prescription, qui ont progressé de 15 points depuis la mise en place du dispositif. Cependant, ce volet ne figurera plus dans les indicateurs de la ROSP 2017-2021 puisqu'il est désormais intégré au forfait structure.

La ROSP s'articulera donc désormais sur trois axes déjà existants – suivi des pathologies chroniques, la prévention et l'efficience de la prescription – et avec de nouveaux indicateurs. Pour l'heure, si, en 2016, l'ensemble des familles d'objectifs ont toutes observé une progression plus modeste que les autres années, certaines ont davantage fonctionné que d'autres.
 

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1. Prescription

Le volet prescription est celui qui fonctionne le mieux. Pour preuve, il passe de 56 % de taux d'atteinte en 2012 à 79,3 % en 2016 (+23,3 pt). Dans ce volet, cinq des sept indicateurs définis ont atteint, voire dépassé, les objectifs fixés par l'assurance maladie. Seules deux catégories doivent encore faire des progrès : l'optimisation des prescriptions d'IEC et la préférence aux génériques sur les antibiotiques, dont la progression a été plus modérée, avec environ 1 % d'augmentation chaque année. À noter que la dynamique la plus forte est celle des antidépresseurs génériques, avec un taux d'atteinte de 91,5 %.

2. Suivi des maladies chroniques

Sur ce volet, l'assurance maladie évoque « une amélioration des pratiques pour l'ensemble des indicateurs », même si les taux d'atteinte sont moins élevés que dans le volet « prescription ». Le taux passe de 50,3 % en 2012 à 60,8 % en 2016. Pour le suivi des patients diabétiques, l'évolution a été encore plus significative pour les dosages d'hémoglobine glyquée et le suivi des diabétiques à haut risque CV sous statines et aspirine à faible dosage. Parallèlement, le suivi ophtalmologique et la part de patients diabétiques à haut risque CV sous statines stagnent autour de 1 % d'évolution : c'est un peu mieux que les précédentes années.

3. Prévention

C'est sur ce volet que se concentrent la plupart des mauvaises notes. Les indicateurs du volet « prévention » stagnent et même régressent en 2016. Après être passé de 35,1 % en 2012 à 42,1 % en 2015, leur taux d'atteinte moyen baisse à 41,8 % l'an dernier. On note cependant une bonne nouvelle : la réduction importante du nombre de prescriptions d'antibiotiques chez les 16-65 ans sous ALD suivis par leur médecin traitant : on comptait 45 prescriptions pour 100 patients en 2011 contre 38,6 l'an dernier.
La prévention du risque iatrogène marche également plutôt bien. La baisse de prescription des benzodiazépines est notable. Sans surprise, l'objectif est largement atteint pour les vasodilatateurs puisque la HAS les a déclassés.

Mais c'est surtout les items vaccination et dépistage qui sont à la traîne. L'assurance maladie fait état d'une baisse du taux de patients vaccinés contre la grippe saisonnière. Le taux d'atteinte des patients de plus de 65 ans vaccinés est ainsi passé de 57,8 % en 2011 à 52,7 % en 2016. Pas mieux du côté des dépistages des cancers féminins. La part des 50-74 ans ayant bénéficié d'une mammographie les deux dernières années passe de 64,9 à 62,3 %. La part des 25-65 ans ayant fait un dépistage du cancer du col de l'utérus fléchit aussi : de 58,7 à 55,9 %. Pour autant, les parties conventionnelles ne baissent pas les bras. Dans la nouvelle ROSP, les indicateurs de vaccination et de dépistage sont renforcés. Le volet intègre notamment en plus le dépistage du cancer colorectal.

 

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Camille Roux

Source : Le Généraliste: 2795