Coronavirus : les généralistes jugent « schématique » et peu utile la carte épidémique du ministère

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Publié le 06/05/2020
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Vert, orange ou rouge. Une chose est sûre, la carte retraçant le suivi de l'épidémie de coronavirus en France mise en ligne jeudi dernier par le ministère de la Santé n'a pas changé la vie des médecins généralistes. Actualisée chaque jour sur le site de la DGS, elle permet d'identifier, département par département, l'activité du virus. Elle tient compte de deux indicateurs : la proportion de passages aux urgences pour une suspicion de Covid-19 et les tensions hospitalières, basée sur les taux d’occupation des lits de réanimation par des patients atteints de coronavirus. 

En théorie, l'information a son importance. Le passage d'un département du vert au rouge pourrait entraîner le retour de « mesures de confinement territorialisées », a annoncé Olivier Véran. En pratique pourtant, cette carte est peu utile aux médecins. « Elle n'est pas réellement à destination des professionnels de santé et aidera à prendre des décisions économiques et sociales plutôt que sanitaires », analyse le Dr Jacques Battistoni. Le président de MG France juge « schématique » la carte diffusée le 5 mai, selon laquelle 27 départements du quart Nord-est de la France (Grand Est, Bourgogne Franche-Comté) et d'Ile-de France étaient en rouge, 24 du Nord, du Centre, et d'Auvergne Rhône-Alpes s'affichaient en orange et 50 départements figuraient en vert.

Les critères retenus font débat

Ces indicateurs devraient être complétés, à compter de lundi, par la capacité de chaque département à réaliser des tests, notamment des cas contacts. Cette troisième carte spécifique est davantage susceptible d'intéresser les médecins de famille qui contribueront à la réaliser.

Le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF, est lui aussi critique sur les premiers critères retenus. La circulation du virus est jugée active à Paris, dans le Val-de-Marne et Mayotte car ces départements enregistrent plus de 10 % de passages aux urgences pour suspicion de Covid-19. Or, le Dr Duquesnel observe une surdéclaration de cas Covid par des services d'urgence, certains patients étant considérés comme des cas suspects alors qu'ils présentent un symptôme isolé, tel qu'une chute, de la fièvre ou une diarrhée pour une personne âgée.

Preuve qu'elle n'est pas la panacée, « cette carte a bénéficié de corrections dès le lendemain de sa parution », observe Luc Duquesnel. Des départements avaient été classés rouge par erreur (Lot, Cher, Haute-Corse) dans une première mouture.

Un outil pour les maires et élus locaux

« J'aurais préféré que soient pris en compte les tests positifs, cela aurait constitué un critère indiscutable », estime le leader syndical.

Au bilan quotidien de la DGS sur le nombre de cas de Covid, le nombre de décès et l'occupation des lits de réanimation, la carte épidémique apporte un support visuel. Pour autant, les médecins ne semblent pas l'avoir adoptée. « Cette carte épidémique ne changera pas grand-chose pour eux, juge également le Dr Luc Périno, spécialiste de médecine tropicale et d’épidémiologie. Elle montre aux maires et aux élus locaux qu'on a pensé à eux. Cette carte est surtout là pour les aider à prendre la décision de rouvrir les écoles ou un marché, on est davantage dans la communication », tranche-t-il.


Source : lequotidiendumedecin.fr