La dernière séance de négociation conventionnelle sur les assistants médicaux a été la goutte de trop dans un vase déjà bien rempli. Une centaine de médecins généralistes a signé hier soir une pétition en ligne à l'attention d'Agnès Buzyn pour dire non à « l'abattage en médecine générale ». Le document avait recueilli ce lundi en milieu d'après-midi près de 600 signatures. Les praticiens dénoncent notamment les objectifs chiffrés présentés par la CNAM aux syndicats le 7 février dernier pour pouvoir bénéficier d'une aide à l'embauche d'un assistant médical, notamment le passage de 3 à 6 consultations par heure. Depuis, la CNAM s'est défendue de fixer de tels objectifs, affirmant que les chiffres avancés ne constituaient pas « des propositions normatives ».
Il n'en fallait cependant pas plus pour éveiller la grogne des médecins de famille. Les syndicats ont quitté la dernière séance et retrouveront ce mercredi les négos avec des contre-propositions. Les généralistes signataires de la pétition refusent eux aussi « de sacrifier la qualité de la consultation en recevant deux fois plus de patients et de brader leur santé sur l’autel de la productivité ». Contacté par Le Généraliste, le Dr Jean-Baptiste Blanc, généraliste dans le XIIIe arrondissement de Paris et lanceur de la pétition, précise que le médecin doit rester « libre de voir le nombre de patients qu'il souhaite et de garder le rythme de travail adapté à son activité ».
Trop de certificats et de consultations inutiles
Les signataires dénoncent plus largement des mesures trop technocratiques émanant du gouvernement, « des grands projets imaginés sans la moindre connaissance du terrain ». Ils proposent en échange un certain nombre de pistes qui permettraient aux généralistes de « retrouver du temps pour soigner ». Première revendication, la suppression de nombreuses obligations de certificats, pour "les arrêts de travail inférieurs à 2 ou 3 jours", pour " l’absence de parents qui gardent leur enfant un jour ou deux" en entreprise, pour "pour la cantine, la garderie, la crèche" ou encore pour la pratique du sport en club. « Pour un marathon de Paris ce seraient par exemple 57 000 consultations gagnées », estime le Dr Blanc.
Les médecins prônent par ailleurs une éducation renforcée des patients pour éviter les consultations liées à des « pathologies bénignes courantes (rhumes, gastros, etc.) ». Enfin, les signataires plaident pour un « accès direct avec prise en charge pour des actes paramédicaux : kinésithérapeutes DE, IDE, podologues, orthophonistes, etc. ».
Liste des 100 signataires à l'origine de cette pétition ici.
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