La CSMF réclame un plan de 5 milliards pour les médecins libéraux et une nouvelle convention dès cette année

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Publié le 22/03/2017
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Crédit photo : GARO/PHANIE

Avec son "New deal", dévoilé au mois d'octobre, la CSMF a proposé une série de 10 propositions pour "construire la santé de demain". Le syndicat complète cette initiative aujourd'hui en présentant ses priorités pour 2017. Jean-Paul Ortiz (photo), président du syndicat, a fait le point sur les orientations nécessaires à prendre en cette année présidentielle. 

L'Assemblée générale du syndicat les 11 et 12 mars derniers a permis de mettre en avant un premier axe de travail, sur l'accès aux soins. Un thème peu surprenant puisqu'il occupe une grande partie du débat présidentiel sur la santé. "Il faut remettre le médecin libéral au centre de l'organisation et de l'offre de soins sur le territoire", a affirmé en préambule Jean-Paul Ortiz. Pour cela, pas question d'adhérer aux propositions coercitives. "La liberté d'installation est un pilier de l'exercice libéral et on ne peut pas demander aux médecins qui ont un statut libéral de pallier au désengagement des services publics", lance le néphrologue de Cabestany.

Sortir de l'hospitalocentrisme

Pour redonner de l'attrait aux zones-sous dotées, des mesures d'incitation financière sont plutôt envisagées par la CSMF. A cela doit s'ajouter une incitation organisationnelle, via le regroupement de professionnels de santé, qu'il soit physique, coordonné ou multi-site. Jean-Paul Ortiz compte également sur un véritable virage ambulatoire "non pas en paroles mais dans les faits", avec la création de plus en plus fréquente d'Équipes de soins primaires (ESP) et de Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) qui pourront s'appuyer sur des Plates-formes territoriales d'appui (PTA). La CSMF "engage tous les médecins à s'y investir et à devenir les chefs d'orchestre de ces nouvelles modalités d'organisation coordonnée des soins (...) Une organisation décidée et imposée comme la loi le prévoit sera un échec", affirme Jean-Paul Ortiz. Pour booster les expériences menées en région et aider les projets en gestation, une "Fédération de soins ambulatoires territoriaux" sera créée.

Une nouvelle convention dès cette année

Le deuxième axe de travail de la CSMF porte sur l'accès financier aux soins. Le syndicat de médecins libéraux réaffirme ainsi son attachement à l'Assurance maladie obligatoire et à la convention nationale. Jean-Paul Ortiz -qui n'a pas signé la convention 2016- suggère de la renouveler dès cette année. La CSMF, qui n'a pas signé le document de 2016, dénonce notamment "la main mise de l'Etat" sur le dialogue conventionnel actuel, citant les dernières baisses de tarifs chez les dentistes et les radiologues.

Sur la place de l'Assurance maladie complémentaire, très discutée parmi les candidats, Jean-Paul Ortiz a rappelé sa ferme opposition aux réseaux de soins et promet de négocier avec les complémentaires pour une meilleure prise en charge des compléments d'honoraires mais aussi des actes de prévention, de télémédecine, d'enjeux de santé publique... 

Outre ces deux grands axes, la CSMF revient dans ses objectifs pour 2017 sur le TPG, qui doit "rester du libre arbitre du médecin"; occasion de redemander donc son abrogation. Le syndicat défend une alternative depuis plusieurs années : le paiement monétique à débit différé santé".

Sur les déserts médicaux, pas question non plus de toucher au numerus clausus comme le proposent la majorité des candidats à la présidentielle, mais plutôt revoir la formation initiale et les conditions d'accès aux études médicales, qui mettent en échec plus de 80 % de ses étudiants au PACES. Une réforme des études qui doit aussi selon Jean-Paul Ortiz ouvrir largement la formation à l'exercice libéral. 

Pour le syndicat, il faut donner plus de moyens à la médecine libérale pour à la fois assurer la prévention et le dépistage, avec des consultations plus longues et rémunérées selon leurs contenus, et développer la e-santé et la recherche. Pour redonner à la médecine libérale une place centrale dans l'organisation de soins, la CSMF demande une enveloppe d'un milliard d'euros par an, soit 5 milliards sur 5 ans. C'est précisément le montant du plan d'investissement de Macron pour la santé. Sauf que le candidat d'En Marche ne le réserve pas au seul monde libéral...


Source : lequotidiendumedecin.fr