CARMF

Retraite complémentaire : le projet Lardenois avalisé par vos syndicats

Publié le 05/02/2016
Article réservé aux abonnés
Après la retraite complémentaire « à la carte » de Gérard Maudrux, voici la retraite « en temps choisi » de Thierry Lardenois. Deux projets, une même philosophie, mais le dernier-né fait davantage l'unanimité. Pourquoi ?
lardenois

lardenois
Crédit photo : DR

Cette fois-ci devrait être la bonne. Une nouvelle version de la réforme de la retraite complémentaire vient d’être adoptée par la CARMF. Qui plus est « à l’unanimité » de ses administrateurs, se targue l’institution et, surtout, avec « le soutien de la majorité des syndicats : FMF, le Bloc, MG France et SML ». La retraite « en temps choisi » de Thierry Lardenois prend donc la place de la si polémique « retraite à la carte » portée par Gérard Maudrux jusqu’à son départ.

Commun aux deux projets, le principe initial repose sur un abaissement de l’âge « normal » du départ à la retraite. Il s’agit par là de le porter à 62 ans, contre 65 aujourd’hui. Autrement dit de considérer que le taux plein s’obtiendra désormais trois ans plus tôt. Mais cette translation ne concerne pas pour autant le niveau de la retraite. Et c’est d’ailleurs là que réside la différence essentielle entre les réformes : le pourcentage de décote appliqué à la retraite entre ces deux âges.

Si on veut et quand on veut…


La dernière mouture de la retraite complémentaire prévoit que « le niveau de la retraite (à 62 ans) sera légèrement supérieur au niveau actuel avant 65 ans et égal à 65 ans ». Plus précisément, le montant de la retraite à 62 ans correspondra à 87 % de celui auquel peuvent prétendre les médecins de 65 ans. Un pourcentage qui, grâce aux majorations annuelles de 5 % pendant 3 ans, permettra de retrouver les 100 % de la retraite actuelle à 65 ans. Au-delà, les majorations seront réduites à 3 % par an et pourront perdurer jusqu’aux 70 ans du praticien.

Si le mécanisme est identique à celui de la réforme Maudrux présentée en 2014 (on part quand on veut à partir de 62 ans et au-delà de 65), les chiffres varient quant à eux. À l’époque, la retraite « à la carte » retenait en effet 85 % du niveau de pension à taux plein en guise de montant initial. Elle prévoyait également des majorations annuelles de 5 %. Mais partant d’un montant inférieur à celui retenu par l'actuel projet Lardenois, elle n’atteignait le taux de 100 % qu’après 65 ans. Les médecins étaient ainsi incités à travailler six mois supplémentaires pour bénéficier d’une retraite identique à celle que touchent actuellement les praticiens de 65 ans.

Leicher intéressé, Ortiz réservé


La CSMF et MG France voyaient là un moyen déguisé de reculer l’âge du départ à la retraite. « Ce n’était pas honnête de ne pas dire aux médecins que la retraite à la carte ne permettait pas de retrouver le taux plein à 65 ans », souligne Claude Leicher. Or conserver cet acquis est essentiel aux yeux du leader de MG France qui rappelle que des modifications ont déjà été portées aux cotisations et montants des pensions, les deux autres leviers d’action du mécanisme des retraites.

Réaction un peu différente à la CSMF. Également hostile au projet Maudrux, Jean-Paul Ortiz est légèrement plus convaincu par celui du nouveau président de la CARMF et salue les modifications apportées. « On est dans la présentation, juge pourtant le chef de file de la CSMF, aujourd’hui on peut déjà prendre sa retraite à 62 ans ». Pour lui, le véritable enjeu est le sauvetage du régime complémentaire car « on se rend compte tout d’un coup qu’il n’est pas aussi idéal que vanté par Maudrux ».

« Maudrux laisse en héritage un régime complémentaire en mauvais état », abonde Claude Leicher, évoquant à cet égard un déficit technique. « Le montant des cotisations est inférieur à celui des retraites versées », précise-t-il. Un contexte qui donne une autre dimension à la réforme adoptée par les administrateurs de la CARMF. Il s’agit, en effet, d’inciter les médecins à travailler plus tard en contrepartie d’une bonification de leur retraite. Et peut-être leur faire préférer ce mécanisme à celui du cumul emploi-retraite. Car même si les médecins « cumulards » continuent de payer leur cotisation, ils perçoivent également une retraite, empêchant par-là la CARMF de renflouer ses caisses. Et l’obligeant à la lui verser à partir de 65 ans et, par suite, plus longtemps.

D'où l'intérêt du dispositif préconisé : « Si un médecin poursuit son activité au-delà de 65 ans, il continuera de payer des cotisations et ne percevra sa retraite qu’à 70 ans mais une retraite bonifiée pendant 5 ans », explique Yves Decalf. Et le président du Syndicat des médecins concernés par la retraite (SNMCR) de résumer : « La CARMF versera une retraite sur une base un peu majorée mais pendant moins longtemps ».

Reste à savoir si les praticiens seront sensibles à ces questions. « Combien de médecins choisiront le nouveau système et permettra-t-il d’équilibrer le régime  ? », interroge Yves Decalf. Claude Leicher n’est « pas sûr que ce soit suffisant ». Difficile donc en l’état de prédire si le plan suffira à réussir le sauvetage de la retraite complémentaire. Il faudra d'abord que la tutelle l'approuve...

Luce Burnod

Source : lequotidiendumedecin.fr