Retraites : Jean-Paul Delevoye tente de rassurer les syndicats avec de premières simulations

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Publié le 07/11/2019
Jean-Paul Delevoye

Jean-Paul Delevoye
Crédit photo : BURGER/PHANIE

La profession les réclamait, elles sont enfin là. De premières simulations chiffrées des effets qu’aurait la réforme des retraites sur les pensions des praticiens ont été présentées mercredi lors d'une réunion de concertation entre les syndicats de médecins libéraux et Jean-Paul Delevoye, Haut-commissaire aux retraites.

Alors que les organisations représentatives et la Carmf estiment que la réforme pilotée par Jean-Paul Delevoye entraînerait une chute d'environ 30 % du montant des pensions des médecins — et de 20 % des cotisations —, le Haut-commissaire s’est attelé à démontrer que les conséquences de la réforme seraient, en fait, nettement moins importantes. Et ce, grâce à un élargissement de l’assiette des cotisations retraite et à l’indexation des prestations sur l’évolution des salaires, et non plus sur l’inflation.

Une baisse moyenne de 12,2 % des allocations selon le Haut-commissariat aux retraites

Pour tenter de convaincre les médecins, trois cas types leur ont été présentés lors de cette réunion, qui aura duré deux heures. Sollicité, le Haut-commissariat aux retraites n'avait pas communiqué ces cas au Généraliste jeudi soir.

Selon le Dr Olivier Petit, en charge des retraites à la FMF, l’un d’eux montre que la pension d’un médecin qui s’installerait en 2025 — date à laquelle la réforme entrerait en vigueur — ne serait inférieure que de 4,4 % à ce qu’elle aurait été dans le système actuel. Un chiffre qui pourrait s’expliquer par la période de transition de quinze ans, prévue par la réforme, au cours de laquelle le taux de cotisation restera supérieur à 28,12 %, avant de se stabiliser à ce niveau.  

Mais même avec cette explication, « cela semble impossible », estime le Dr Petit. « Et hors période de transition, le Haut-commissariat reconnaît quand même que la réforme engendrerait une baisse de 12,2 % des allocations par rapport à aujourd’hui », indique-t-il au Généraliste. « Cela démontre bien ce qu’on dit depuis le début : avec cette réforme, il va y avoir une baisse des retraites ».

La différence entre les projections des médecins et celles des équipes de Jean-Paul Delevoye s’explique, selon le Dr Olivier Petit, par les « hypothèses très optimistes » du Haut-Commissariat, qui « part du principe qu’il y aura une amélioration de la situation économique en France ». « La Carmf est plus prudente », souligne-t-il. « L’indexation sur le salaire moyen des Français suppose que les médecins feraient confiance à la santé économique du pays », relève le Dr Jacques Battistoni, président de MG France.

Deux nouvelles réunions, et plus si affinités

N’ayant pas reçu les chiffres du Haut-commissariat en amont de la réunion, les syndicats vont désormais pouvoir les étudier, et éventuellement en rediscuter lors d’une prochaine réunion. Saluant « une discussion franche », le SML va désormais « prendre le temps d'analyser en profondeur [les simulations] et vérifier si elles permettent de répondre à ses revendications ».

Pour l’heure, deux autres rendez-vous sont programmés en décembre et en janvier, afin d’évoquer la « transcription » de l’ASV dans le système universel, la gestion des réserves de la Carmf, la place des médecins dans la gouvernance du système universel, et les questions de protection sociale. Et peut-être de convaincre l'UFML-S et la FMF de ne pas faire grève le 3 février

« Il n’est pas exclu qu’il y ait plus de réunions si besoin était », confie le Dr Battistoni, qui a vu en la présence de Jean-Paul Delevoye à cette réunion un signe de l’importance accordée par le Haut-commissaire à la profession.

Le président de MG France se félicite également que les parties soient « entrées dans le dur ». « C’est positif d’avoir des chiffres, de pouvoir commencer à réfléchir à partir de simulations réelles. Cela va permettre de proposer des ajustements le cas échéant », conclut-il.


Source : lequotidiendumedecin.fr