LA DGOS s’ouvre aux médecins libéraux

Annie Podeur se garde des "oukases"

Publié le 29/10/2010
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LE QUOTIDIEN – Vous voici pilote d’un « groupe contact » chargé au ministère de travailler sur la médecine ambulatoire

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ANNIE PODEUR – Effectivement. La ministre m’a demandé de veiller à la qualité du dialogue avec les médecins libéraux et avec leurs organisations syndicales. La période un peu compliquée des élections aux URPS [unions régionales des professionnels de santé] est derrière nous ; nous pouvons jeter les bases d’un travail que je mènerai, à l’intérieur de ce groupe contact, avec les présidents des cinq principales organisations syndicales de médecins libéraux [la CSMF, le SML, MG-France, la FMF et Le BLOC, NDLR].

Quels vont être les sujets abordés ?

Notre première réunion est programmée le 4 novembre prochain. Nous allons avec les présidents, précisément dans un esprit d’ouverture, définir notre méthode de travail, la périodicité de nos rencontres et examiner le grand nombre de sujets sur lesquels nous pouvons travailler ensemble. En complément des instances de dialogues qui existent à l’UNCAM [union nationale des caisses d’assurance-maladie] car il ne s’agit pas pour la DGOS, compétente sur la problématique complète de l’organisation des soins – y compris, par exemple, les questions de démographie médicale – d’intervenir dans le champ conventionnel.

Il n’y aura donc pas de représentant de l’assurance-maladie au sein du groupe contact ?

Il existe une instance qui nous réunit avec l’assurance-maladie : le Conseil national de pilotage. Pour le reste, chacun peut travailler en toute transparence et dans un dialogue permanent.

Il est important qu’au sein de la DGOS, les médecins libéraux aient conscience qu’une porte leur est ouverte : ils sont accueillis, le dialogue n’est pas seulement informatif mais aussi constructif. Dans l’optique de notre première réunion, j’ai, par exemple, déjà envoyé le guide méthodologique du SROS [schéma régional d’organisation sanitaire] aux présidents de syndicats en leur demandant de me faire connaître leurs réactions.

Nous travaillerons à l’échelon national mais la ministre a également le souci que se nouent, au niveau régional, de très bonnes relations entre, d’une part, les médecins libéraux, notamment via les URPS, et, d’autre part, les directeurs généraux d’ARS [agences régionales de santé] ainsi que leurs collaborateurs proches appelés à travailler plus particulièrement sur le champ ambulatoire.

Les travaux de votre groupe pourraient-ils servir de cadre à la contractualisation régionale que doivent conduire les ARS avec les libéraux ?

« Cadre » n’est pas nécessairement la bonne formule. En revanche, un « cadrage » à l’échelon national facilitera une déclinaison régionale avec la garantie d’une cohérence – je rappelle que les ARS ont une large marge de manœuvre en la matière. Le guide méthodologique du SROS que j’évoquais précédemment est un exemple éloquent de la situation : il donne une trame mais les régions ne se ressemblent pas, les interlocuteurs n’y sont pas nécessairement les mêmes. C’est vrai également pour d’autres dispositifs : le guichet unique, la permanence des soins ambulatoires…

Les SROS ambulatoires sont-ils votre priorité ?

Je ne vais pas préfigurer les priorités parmi les sujets que souhaitent aborder les uns et les autres ! Certains syndicats ont déjà rendu leurs demandes publiques mais ce sera l’objet de nos premières réunions que de lister les dossiers que nous voulons traiter. Je veux montrer aux médecins libéraux que l’administration peut être le lieu d’un travail extrêmement interactif et resserré. Je leur ai proposé, pour notre première rencontre, de réagir à un premier sujet – en l’occurrence les SROS –, mais il y en aura bien d’autres.

Y compris des questions qui fâchent, telles la régulation de l’installation ou les dépassements d’honoraires ?

Les dépassements d’honoraires ne sont pas immédiatement dans le champ de compétence de la DGOS mais, encore une fois, l’ordre du jour est libre, il sera co-élaboré. Il faut que nous nous voyions souvent pour travailler bien – sans non plus tomber dans la réunionnite ! Je n’ai pas la prétention, à ce stade, de prédéfinir un programme de travail.

Comment le groupe contact va-t-il s’articuler avec les prochaines propositions de la mission Hubert ?

Les éléments du rapport Hubert viendront bien sûr alimenter nos discussions.

Pourquoi une telle structure était-elle nécessaire ? Faut-il voir dans cette initiative un désir de réconciliation avec les médecins libéraux ?

La ministre a toujours souhaité avoir avec l’ensemble des professionnels de santé des relations très constructives, à la mesure des enjeux de l’offre de soins tout en répondant aux attentes de la population. Il est vrai que, dans notre système de santé, l’ambulatoire est d’abord et très majoritairement porté par les médecins libéraux. De premier comme de second recours, ces derniers s’étant peut-être – à tort – sentis oubliés ces derniers temps.

J’instaure donc ce groupe de contact dans une perspective de dialogue et de construction. Les oukases, ça ne fonctionne pas. J’ai engagé mes équipes à aller voir sur le terrain ce que signifie l’exercice libéral parce que c’est une découverte pour nous – le même souci doit animer les personnes qui travaillent dans les ARS. Toutes ne connaissant pas forcément le monde libéral. On ne dialogue bien avec quelqu’un que si on le connaît – lui, son environnement, ses contraintes, ses attentes…

Roselyne Bachelot a évoqué la création au ministère d’un groupe de travail spécifique aux médecins hospitaliers. Est-il installé ?

Il est en cours d’installation et c’est aussi la DGOS qui le pilotera avec le CNG [Centre national de gestion].

 PROPOS RECUEILLIS PAR KARINE PIGANEAU

Source : Le Quotidien du Médecin: 8847