LE QUOTIDIEN DES LECTEURS

Cent ans en arrière

Publié le 14/02/2011
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Ambarès (33)

Dr Jean Cazenave (médecin biologiste)

Le débat sur les métiers intermédiaires de santé nous renvoie plus de 100 ans en arrière, quand les Officiers de Santé, qui avaient fait 3 ans d’études en Ecole de Médecine, soignaient "dans la limite de leur

compétence", prescrivaient une liste limitée de médicaments, accouchaient en l’absence de médecin ... bref dans l’échelle LMD ( Licence, master, doctorat) je ne sais pas au juste s’ils étaient L ou M, mais ce qui est sur c’est qu’ils n’étaient pas D !

Tels le Phenix, renaitront ils de leurs cendres ?

Pendant ce temps je connais bien une profession, la mienne, classée officiellement D (et mème au delà), qui attend toujours d’être mieux mise à contribution dans le cadre de réseaux de soins ... et qui saurait sans grand problème rendre des services supplémentaires (adaptation thérapeutique, prescriptions urgentes

d’antibiotiques en l’absence du médecin)... tous services officieusement rendus mais qui attendent une reconnaissance officielle pour cause de plates bandes à ne pas abimer... Dans ce pays il faut toujours faire simple ...(air connu) !

Le système libéral en voie d’extinction

LE CANNET ( 06)

Dr Jean Pierre Multedo

Suite à votre article du 26 janvier 2011 intitulé : « Congrès de l’INSAR-IMG à Deauville – Les futurs généralistes ne connaissent pas la déprime », je pense qu’il aurait fallu ajouter : « pas encore ».

Quarante années d’exercice de la médecine générale me permettent de donner avis et conseils à mes jeunes confrères qui, on le voit bien, n’ont aucune envie de mener la vie et la carrière que nous avons menées.

Et pourtant, nous étions des innovateurs puisque nous avions créé, en 1967, afin de travailler dans les meilleures conditions possibles, un cabinet de groupe de cinq généralistes. Et nous étions heureux de travailler sans contraintes, à notre rythme et en excellente collaboration. C’était la liberté et Raymond Barre, nous laissait le choix entre honoraires libres ou strictement conventionnés. Et puis le temps est passé et les choses ont bien changé. On nous a dit que les médecins étaient trop nombreux et qu’il fallait qu’ils partent en préretraite avec le MICA. C’est ainsi que 2 des nôtres sont partis.

Quant-à moi, j’ai attendu d’avoir mes points et j’ai arrêté mes activités en 2003, après avoir cédé mes parts de SCM à un jeune de 30 ans. Il est parti au bout de 3 mois ! Heureusement, la nouvelle loi « cumul retraite –activité libérale » destinée à compenser le manque de médecins est sortie à ce moment là et j’ai repris le collier à mi-temps.

Il restait donc 3 médecins à temps plein mais un des trois est tombé malade et ne peut plus exercer. Sur le plan strictement comptable, nous étions 5 et nous ne sommes plus que 2,5.

Tout le problème est là :

Nous cherchons depuis 6 mois un associé et les recherches effectuées dans toute la France et par tous les moyens sont restées négatives. Plus personne ne veut s’installer en libéral, même avec l’offre gratuite de la clientèle, du matériel et des services …

Et nous ne sommes pas dans un coin des plus reculés de France mais bien sur la Côte d’Azur, en plein centre ville, Et nous ne sommes pas les seuls dans ce cas. La plupart des médecins de la région, qu’ils soient généralistes, pédiatres ou même cardiologues ne trouvent pas de successeurs et sont obligés de fermer leurs cabinet s’ils veulent partir à la retraite.

Je souscris tout à fait à la «réponse au sénateur Hervé Maurey » du Dr Jean Carré (Quotidien du 24 janvier). Nos élus feraient d’aller sur le terrain au lieu de nous accabler de reproches et de réglementations qui, je le comprends très bien, n’incitent pas du tout nos jeunes confrères à prendre le relai. Et quand je dis « jeunes », c’est relatif puisqu’ils ont 38 ans en moyenne alors que nous vissions nos plaques d’installation à 28 ans, après avoir fait notre service militaire !

Ils veulent bien faire des remplacements et pour ce faire, ils sont 10 .000, ou bien collaborer et après, ils verront. Et qui paiera nos retraites et les leurs ?

Je pense personnellement que le système libéral est en voie d’extinction, malgré les bonnes paroles de nos dirigeants. Et ce n’est pas nos syndicats qui pourront empêcher ce processus inéluctable lié au coût croissant des dépenses de santé et au déficit de la sécurité sociale.

Hospitalo-centrisme : fausse bonne idée

PARIS

Dr BERNARD KRON

La politique de fermeture des cliniques privées a créé des monstres hospitaliers de 100 000 m2, budgétivores : le monde hospitalier plein temps est coupé des réalités de la médecine de ville. L’évolution vers l’hospitalo-centrisme découle de la « fausse bonne idée » de la concentration, des hommes et des plateaux techniques(PTL).

Depuis les « ordonnances Juppé » de 1996 et les lois Kouchner de 2002 elle s’est accélérée. Ainsi les nouveaux hôpitaux de Toulouse (82 000 m2) et de Strasbourg ( 90 000 m2, 715 lits, 4 815 pièces,

500 médecins…et 2 700 agents hospitaliers), Ivry plus de 100 000m2, 1000 chambres et 26 blocs opératoires ont nécessité des investissements considérables.Comme à l’APHP leurs déficits s’envolent. C’est un facteur de pénurie et d’allongement des listes d’attente pour certaines spécialités. Le temps effectif consacré aux soins est en moyenne de 50% inférieur à l’hôpital qu’en exercice privé avec un ratio de 1 contre 3 pour la chirurgie . La désorganisation des urgences est la conséquence de cette évolution : La proximité reste essentielle, contrairement à la nouvelle mode qui veut que l’on concentre les hommes et les plateaux techniques dans les grands hôpitaux. Les cliniques privées, qui n’ont pas demandé leur agrément ne peuvent pas être rémunérées pour leur prise en charge. Les patients s’adressent alors à l’hôpital où les soins sont gratuits avec un tiers payant généralisé. On assiste ainsi à l’effet domino de ces décisions irréfléchies qui augmentent les dépenses de santé au détriment de la qualité et de la disponibilité pour les soins.

Le nombre d’urgences hospitalières a doublé en l’espace de 5 ans, pour atteindre le chiffre de 15 millions par an, pour un coût moyen, par urgence de 250 euros (Cour des Comptes). Ainsi cette concentration n’est source, ni d’économie, ni d’amélioration des soins. L’hôpital représente près de 50% des dépenses de santé alors qu’il ne réalise que 25% des actes thérapeutiques. Le chirurgien libéral formé dans les Assistance publiques et les CHU, prenait en charge directement ces urgences, sur simple appel téléphonique POUR UN coût inférieur. Ainsi une appendicectomie ou un accouchement pratiqués à

l’hôpital coûtent une moyenne 1440 euros de plus qu’en clinique privée (Cour des Comptes). La prise en charge des accouchements par l’hôpital coûte chaque année 500 millions d’euros de plus qu’au paravent.

Avec le développement de la chirurgie ambulatoire, 40% des lits hospitaliers devront fermer.

Nos élus doivent arrêter d’éxiger leur Grand Hôpital et se consacrer à la prise en charge de la dépendance!

République bananière

COURVILLE (28)

DR NOËL TALLET

Deux réflexions concernnant les arrêts maladie de "complaisance" produits en grand nombre par les CRS comme le rapporte votre édition du 4 février.

- comment des médecins peuvent-ils en toute impunité établir des arrêts de travail "bidon" sans aucun contrôle ?

- combien cela va-t-il coûter à la sécurité sociale ?

Dans quelle République bananière vivons nous ? Que fait Xavier Bertrand ?


Source : Le Quotidien du Médecin: 8906