Entretien

Dr Philippe Boutin (CN-URPS) : « La loi de santé a fait de ce scrutin un test national »

Publié le 05/10/2015
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LE QUOTIDIEN : Selon notre récent sondage, le vote aux URPS sera majoritairement motivé par des enjeux nationaux. Comment l’expliquez-vous ?

Dr PHILIPPE BOUTIN : Ces élections vont servir de critère pour établir la représentativité des syndicats nationaux avant la négociation de la future convention médicale. La loi de santé a également fait de ce scrutin un test national. Depuis un an, on a assisté à un mouvement de fermeture de cabinets médicaux sur tout le territoire en décembre 2014, puis à une grève nationale le 15 mars dernier. Mais de nombreuses problématiques locales se posent aussi dans les régions qui seront amenées à fusionner.

Certains font un procès en immobilisme aux URPS. Depuis cinq ans, les unions ont-elles trouvé leur rythme de croisière ?

Il y a eu un grand coup d’accélérateur sur le travail mené en région lors de la dernière mandature. Énormément de sujets d’importance ont été bien traités. Je citerais les actions de "soins aux soignants" (burn out) ou sur la maîtrise de stage spécialisée.

Le travail a également été très fructueux au sein de la conférence nationale des URPS où nous avons piloté les systèmes d’information des SAMU, des initiatives sur la permanence des soins ambulatoires ou en établissement ou encore des projets sur la coopération interpro, l’articulation avec les pôles et maisons de santé, l’analyse sur les données de santé avec l’Institut statistique des professionnels de santé libéraux (ISPL)... Les URPS ont gagné en maturité ! Nous avons obtenu de bons résultats car nous avons mobilisé la compétence de tous les élus de toutes les URPS.

Justement, les unions régionales ont-elles permis de dépasser les clivages syndicaux ?

Cela arrange beaucoup les pouvoirs publics de laisser penser qu’il y a des dissensions au niveau des syndicats de médecins mais la profession n’est pas aussi morcelée qu’on veut bien le dire ! Que ce soit au sein de mon URPS de Poitou-Charentes ou au niveau national, je n’ai jamais eu le moindre problème à travailler avec tous les syndicats. Toutes les décisions ont été prises à l’unanimité depuis 15 ans. S’il y avait des frictions majeures, je le saurais !

Cela a-t-il permis aux URPS d’être des contre-pouvoirs efficaces aux ARS ?

Les ARS ne sont qu’une déconcentration du ministère de la Santé... Elles n’ont aucun pouvoir et ne font qu’appliquer une politique nationale déclinée en région. Nous sommes sur de fausses politiques régionales. Il y a un affichage des pouvoirs publics qui est de contractualiser au niveau régional mais l’envie réelle est toute autre !

Certaines super-régions vont voir le jour (Rhônes-Alpes-Auvergne, Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes... ). Les médecins ne prennent-ils pas le risque d’être marginalisés ?

C’est un risque. Certaines régions seront très larges à couvrir et il nous faudra trouver des relais sur le terrain. Nous devrons faire mieux avec moins d’élus et moins de budget car il n’est pas question de demander une augmentation du taux annuel de cotisation des médecins (qui est fixé à 0,5 % du revenu tiré de l’activité, ndlr). Dans les régions plus grandes, il faudra améliorer notre organisation et faire peut-être appel à des prestataires extérieurs tout en restant maîtres d’ouvrage de ces études.

Propos recueillis par Christophe Gattuso

Source : Le Quotidien du Médecin: 9438